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Grands-lacs : Commerce transfrontalier, la RDC un géant inutile

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Plus de deux ans après la signature de l’accord bilatéral sur le commerce transfrontalier entre le Rwanda et la RDC, le pays de Lumumba reste le meilleur perdant. La signature a eu lieu à Rubavu le 20 octobres 2016. Dans les villes proches du Rwanda, des femmes et filles rwandaises sillonnent les rues et bureaux pour vendre leurs produits. Un mouvement impossible pour les congolaises au Rwanda selon un témoignage. Cet accord sur le Régime commercial simplifié du COMESA (STR) a été signé par des responsables rwandais et congolais dans l’objectif de supprimer toutes les barrières superflues aux échanges commerciaux entre les deux pays voisins.

Au début de la signature de ces accords, il s’est observé un climat de méfiance. Dans ce contexte les Rwandais ne pouvaient pas traverser facilement avec des marchandises vers la RDC. Maintenant on se rend compte que de plus en plus il y a des femmes qui font des petits commerces transfrontaliers librement entre ces deux pays observe-t-on couramment dans les rues de Bukavu et de Goma.

Des Rwandaises sillonnent Bukavu avec leurs produits

Dans la ville de Bukavu, certaines femmes venues de Rusizi au Rwanda sillonnent certaines avenues de la ville de Bukavu. Certaines portent sur leurs têtes des lotions de fabrications Rwandaises. D’autres ont crée un petit marché propre à elles au niveau de l’avenue Emery Patrice Lumumba à quelques mètres de l’hôtel Résidence. Pour elles, les congolais aiment le lait venu du Rwanda. D’où leur désire de rencontrer leurs potentiels clients.

« Nous venons chaque jour ici. Nous achetons un petit bidon de 5 litres au Rwanda pour venir le revendre ici un peu cher car nous devons payer le transport. Chaque soir nous rentrons chez nous au Rwanda », nous confirme une femme Rwandaise d’environ trente ans qui a requis l’anonymat. A la question de savoir si les congolaises font les mêmes activités au Rwanda, notre interlocutrice se réserve de tout commentaire.

Des produits congolais absents des étalages Rwandais ?

Binja Kamola, âgée d’environ 38 ans, congolaise d’origine de Bukavu, vit à Kamembe  au Rwanda, depuis 2017 avec ses trois enfants et son mari médecin. Elle nous affirme que depuis qu’elle est au Rwanda, elle n’a jamais vu des produits congolais être vendu dans les rues de Kamembe et même dans les magasins.

La présence de ces femmes Rwandaise dans les rues de Bukavu, fait réfléchir plus d’un. Pour certains le gouvernement Congolais devrait aussi réfléchir comment tirer profit de cet accord.

Pour Maitre Néné Bintu, cadre du Bureau de la coordination de la société civile, le nouveau gouvernement devrait diversifier son économie et protéger les petits commerçants qui sont souvent maltraités du Coté Rwandais.

Dans le cas pratique j’observe comme acteur de la société civile et je constate que de notre coté nous recevons beaucoup des produits qui proviennent du Rwanda mais c’est ne pas la même chose pour le Congo », regrette Néné Bintu.

Le Rwanda plus favori ?

Et Néné Bintu d’ajouter : « A mon avis c’est le Rwanda qui bénéficie plus de cet accord parce qu’il protège bien son économie. De notre coté, les femmes qui font des petits commerces se plaignent toujours des tracasseries au niveau de la frontière coté congolais, autant des taxes illégales perçues. Aussi les femmes congolaises et autres commerçants ne peuvent pas exposer leurs produits au Rwanda alors qu’eux le font ici chez nous. C’est toujours les Rwandais qui arrivent et sillonnent dans nos quartiers, dans des bureaux pour nous vendre leurs marchandises et les Rwandais en tire profit à notre égard », précise Maitre Nene Bintu, actrice de la société civile.

La RDC, victime de son économie extravertie

Le professeur Kasigwa Christoph, enseignant d’économie à l’Université Officielle de Bukavu, attribue cette incompétence au gouvernement congolais car selon lui, chaque Etat doit faire respecter les lois que lui même a signé.

« L’économie de la RDC est extravertie. Dans cette extraversion les autres pays se développent.  Vous verrez que même les fruits produits au Congo sont transformés au Rwanda en termes de jus qu’ils nous amènent alors que nous devrions les produire, les transformer et les exporter au Rwanda. Tous ces étrangers qui viennent même s’il y a l’accord de facilitation de commerce il y a des taxes qu’ils doivent payer et c’est fait ? Je ne pense pas », regrette-t-il.

Face à ces inégalités, les nouveaux dirigeants de la RDC doivent réfléchir sur le devenir de ces accords qui ne profitent qu’à une partie au détriment d’une autre, lance Néné Bintu.

La RDC se réveille-t-elle ?

Pour le ministre  de l’agriculture pèche et élevage au Sud-Kivu,  Marcellin Bahaya son ministre est conscient de cette difficulté de dépendre du Rwanda en presque tout. Il promet que les agriculteurs du Sud-Kivu seront subventionnés pour qu’ils produisent aussi des produits qui peuvent être achetés au Rwanda.

« Le gouvernement national en collaboration avec ses partenaires vont nous aider à booster l’agriculture en RDC et spécialement au Sud-Kivu. Notre province était jadis le grainier de la RDC. Elle doit reprendre sa place. Déjà au Sud-Kivu, des ingénieurs agronomes ont été recruté dans les huit territoires. Ils vont orienter les paysans dans leurs activités champêtres. En plus de cette assistance technique, nous sommes entrain de créer des pôles de spécialisation. Chaque territoire pourra produire selon ses spécialités. Par exemple, Kalehe est spécialisé dans la production des pommes de terre, Kabare du Soja, ainsi de suite pour d’autres territoires », promet Bahaya lors d’une émission sur les ondes de la radio Maendeleo, une chaîne locale.

L’association des maires francophones s’implique

Face aux problèmes observés sur les deux rives l’Association Internationales des Maires Francophones a créé un cadre d’échanges entre les petits commerçants du Rwanda et de la RDC.

Le maire de Bukavu et membre de cette association, Bilubi ULENGABO, affirme qu’un cadre d’échange permanent est une solution aux problèmes des petits commerçants frontaliers.

’’Ces femmes sont confrontées à beaucoup des défis, beaucoup des difficultés, d’incompréhension. Ce cadre qui sera permanant leur permettra d’identifier leurs difficultés et trouver des solutions.

Et d’ajouter : les familles de ces femmes vivent de ce commerce transfrontalier. Nous voulons contribuer au bien-être de ces familles et cela passe par l’organisation, la structuration, la stabilisation de cette activité en vue d’améliorer leurs conditions de travail ».

Le représentant du maire de Rusizi, Jean Luc Nsabayesu, a aussi encouragé le dialogue entre les commerçants de deux pays frères. Il promet faire rapport à son chef pour une implication totale.

Pour rappel, le Rwanda et la RDC se sont accordés sur une liste de 168 matières premières qui seront exonérées de droit d’importation jusqu’à un montant de 2.000 dollars. Les biens fréquemment échangés entre les deux pays comprennent les produits agricoles, les nourritures animales et céréales, les produits de boulangerie et les équipements des secteurs de la construction, de l’audiovisuel et des loisirs

Murhula Nkumbarhi Justin

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