SUD-KIVU : Purusi ou la case départ ?
Purusi a-t-il les épaules solides pour faire face au dictat des notables qui « enterrent le Sud-Kivu » ?, c’est la question la plus rependue sur les levres des habitants du Sud-Kivu
Depuis les élections de 2006, les premières élections dites démocratiques en République Démocratique du Congo, la province du Sud-Kivu, située à l’Est de la RDC, a connu 5 gouverneurs avant l’élection de Jean-Jacques Purusi, sixième gouverneur. Ces derniers sont proposés, ou mieux imposés, et « élus » presque dans les mêmes conditions. Bien entendu, c’est Kinshasa qui décide comme qui dirait, il n’y a pas des députés provinciaux. Dès lors, ils ne font allégeance qu’à Kinshasa seul ! Curieusement, ils sont déchus tous de la même manière par l’Assemblée provinciale. Au bout du compte, ce sont les habitants qui en sortent meilleurs perdants.
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Purusi le facilitateur du partage du gâteau ?
Dans une province où tout est à refaire, les attentes de la population sont celles de voir un gouverneur capable de faire face aux multiples défis que connaît la province. La tâche s’annonce rude pour Jean Jacques Purusi. L’actuel gouverneur doit affronter les défis d’ordre économique, socio-politique, il devra s’investir dans la création d’emploi aux jeunes désœuvrés paupérisés dans une grande misère. Le relèvement de défi sécuritaire devrait être placé dans ses priorités. Le nouveau locataire de Nyamoma doit choisir qui satisfaire entre la population et ses autorités morales qui ont longtemps pris en otage cette province pour leurs intérêts mesquins.
La tâche ne semble pas facile au nouveau chef de l’exécutif provincial étant donné que les appétits des dignitaires gourmands montent en puissance. Chacun veut s’imposer par rapport à ce qu’il veut avoir, ce qui risque de faire de celui-ci un gouverneur en format « étiquette » et peut perdre sa qualité de l’oiseau rare dont la province attendait.
Dans une nation où la corruption règne en loi, ce professeur des universités, doit faire preuve de sa probité morale et prendre une décision courageuse quand bien même cruciale. Difficile mais important, JJ Purusi doit briser ce cycle infernal imposé par les autorités morales qui bloque le décollage de la province du Sud-Kivu depuis bien longtemps.
La jeunesse « satisfaite » des miettes
Il est grand temps de rompre avec l’exploitation de la jeunesse. Au lieu de faire de cette jeunesse une force de contribution pour le développement de la province, les politiciens l’a endormi. La majorité de ces jeunes passe leurs longues journées sur les réseaux sociaux en train de faire l’apologie de certains politiciens et injurier d’autres.
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Une jeunesse consciente que le politique a transformé en homme sans cœur. Utilisée pour acclamer et accompagner chaque homme politique qui arrive en province, la jeunesse est considérée comme des paillassons de ces opérateurs politiques pour épousseter leurs chaussures. Nombreux se contentent des miettes jetées à la table du roi et ne savent plus réclamer leur droit reconnu constitutionnellement qui est d’avoir ‘’accès à l’emploi’’. L’article 36 de la constitution est clair :
« Le travail est un droit et un devoir sacrés pour chaque Congolais.
L’Etat garantit le droit au travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine, complétée par tous les autres moyens de protection sociale, notamment, la pension de retraite et la rente viagère, ».
Peuple ou autorités morales, le choix difficile de Purusi
Après son passage à Kinshasa, le gouverneur Jean Jacques Purusi est rentré au Sud-Kivu étant lourdement chargé par des injonctions pourtant plusieurs défis l’attendent. Le consensus est loin d’être trouvé, tous les ténors de l’Union Sacrée (majorité au pouvoir) veulent se taper la part du lion pour les recettes produites en province.
« Tout s’est décidé et s’est clôturé à Kinshasa il ne reste que la mise en œuvre des grandes décisions dictées par les prédateurs ainsi que le partage du butin selon le pourcentage convenu », lance un acteur politique du Sud-Kivu.
Selon des sources proches du gouverneur, ce dernier aurait reçu plusieurs orientations et injonctions des certains notables du Sud-Kivu.
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Va-t-il gouverner pour les grands messieurs ou sauver l’honneur de la province ?
« Dans une province à multiples défis, le gouverneur est maintenant étouffé, surchargé par les listes des personnes à embaucher. La méritocratie est loin d’être au rendez-vous s’il ne prend pas le lead, » indique une source anonyme proche de Purusi.
Purusi ou la case départ ?
Le bureau de coordination de la Société civile l’a confirmé dans une interview exclusive accordée au reporter de DeboutRDC. Me Nene Bintu, présidente du bureau de coordination reconnait que le gouverneur n’aura pas la tâche facile pour diriger cette province et offrir à la population ce dont elle a besoin.
‘’Tous les problèmes qu’aura Purusi proviendront de la façon dont il a composé son gouvernement. Nous sommes persuadés qu’il va satisfaire certains et laisser d’autres. Ceux qui ne seront pas servis, risquent de se ranger dans l’opposition et commencer à financer des motions contre lui. Par cette pratique, nous risquerons de nous retrouver à la case départ. Ce n’est pas facile de gérer cette province avec le phénomène autorités morales. Purusi doit avoir des nerfs solides,’’ prévient Néné Bintu.
Le peuple d’abord ou les autorités morales d’abord ?
Depuis un certain temps le slogan de la campagne ‘’le peuple d’abord’’ a disparu des bouches de nos dirigeants. Les enjeux politiques actuels dans la province du Sud-Kivu risquent de s’effondrer encore d’avantage. Les intérêts des uns et des autres sont mis en avant, la priorité de l’émergence de la province est le cadet des soucis de soi-disant notables. Si la population n’est pas vigilante la province risque peut exploser. Des stratagèmes des affairistes politiques se profilent, juste un gout d’huile qui enflamme de feu.
Si tu me prives, je divise la province
Certains notables aigris de la partie Sud de la province qui ne retrouvent pas leur compte, réclament le démembrement de la province du Sud-Kivu pour en créer la province d’Elila. Les territoires de l’Urega (Burega, Pangi, Shabunda, Mwenga, Uvira et une partie de Fizi), seraient des territoires regroupés pour vouloir former la nouvelle province d’Elila. Pourquoi ce théâtre ne revient qu’à chaque élection du gouverneur ?
D’aucuns pensent que l’insatisfaction et frustration créées dans le chef des leaders des communautés oubliées et l’esprit glouton des autres qui veulent tous prendre à eux-mêmes suscitent des mécontents.
Il sied de rappeler qu’en date du 16 Juin 2024, le député national Justin Bitakwira originaire de la Zone d’Uvira accuse les leaders Shi d’égoïsme lors de partage de différents postes qui reviennent à la province du Sud-Kivu. Pour ce notable de la partie sud, la province ne décollera jamais suite à la mégestion entretenue par certaines grandes tribus. Il l’a évoqué lors d’une cérémonie regroupant certains fils et filles de la province du Sud-Kivu à Kinshasa, à l’exception de Lukwebo et Vital Kamerhe. Réputé de sa franchise, Bitakwira s’est attaqué à la tribu ‘’Shi’’ qui gère la province depuis plusieurs années sans résultat palpable.
‘’C’est anormal qu’une seule tribu gère la province pendant plus de 30 ans alors que les autres sont là. Ce gouverneur est le dernier essaie de cette tribu. Après lui nous allons donner de la chance à une autre tribu de gérer. Le Sud-Kivu est la seule province qui reste avec 8 territoires., ’’signale Bitakwira.
De l’escroquerie politique
Il est difficile de nommer tout le monde dans le gouvernement ou dans d’autres services. Pourquoi toujours les députés se servent de leur position d’élu pour s’imposer à l’exécutif et vouloir tous être nommés ? La lutte acharnée menée par ces députés a payé cash. Les voilà désormais quatre sur Dix postes à pourvoir soit 40% à l’exécutif. Le bureau de la coordination de la société civile d’écrie l’escroquerie politique qui érige domicile au pays.
‘’On n’est pas d’accord avec les députés qui ont bataillé pour être nommés au gouvernement provincial. Imaginez, on les avait mandatés d’aller vous représenter à l’hémicycle, puis il change de position et deviennent ministre. Ça c’est de l’escroquerie politique. Pourquoi vouloir changer des casquettes seulement parce que vous savez que c’est au gouvernement où ça paye mieux ? N’est-ce pas une façon de trahir le peuple ? Les électeurs ne reconnaissent pas les suppléants par ce qu’ils ne les ont rien promis,’’ regrette Nene Bintu.
Pendant les préparatifs des élections de Décembre 2023, la société civile avait proposé une réforme en sorte qu’aucun député ne quitte l’hémicycle avant 3 ans. La proposition n’a jamais fait matière de débat parce que c’est une pratique qui encourage la gourmandise politique et qui arrangent certains dinosaures conspirateurs.
Partenariat Public et Privé, une épine dans les bottes de Purusi
Les PPP font partie des grands défis qui attendent le gouverneur Purusi. Le gouvernement provincial Ngwabidje-Malago avait exploité la voie des PPP pour spolier des maisons, les espaces publics et des taxes ont été cédés aux particuliers. Pour
dire que le nouveau gouverneur va diriger une province où le doigt de l’Etat ne contrôle presque rien.
Ces PPP mal négociés ont plongé la province dans une misère indescriptible. Ce partenariat une fois cédé au particulier, la province ne retrouve plus sa part. Les magistrats, les officiers militaires, les agents et haut cadre des services de l’Etat n’ont plus où loger.
L’Etat devenu locataire
Deux magistrats auraient été déguerpis au mois de Mars dernier au profit d’un PPP. Dans cette stratégie savamment pensée, plusieurs maisons de l’Etat ont été vendues.
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Au-delà du terrain de football de Ndendere et une partie de l’Athénée d’Ibanda qui font objet d’alerte, la société civile a dénombré quelques maisons de l’Etat spoliées sous couvert des PPP. La maison de l’Etat numéro 06 sur Avenue FIZI, les maisons de l’Etat numéro 12 et 18 à Nyawera, la maison numéro 09 sur Avenue Mbaki, les maisons numéro 54 et 16 sur avenue du gouverneur, Numéro 15 sur Avenue de la résidence, numéro 248 sur Avenue P.E Lumumba, les maisons numéro 13, 07, 25 et 27 sur Avenue du LAC, la maison 17 sur Avenue Kalehe pour ne citer que cela.
Notre source confirme que certains acteurs politiques, des commerçants et quelques militants de mouvements citoyens qui dérangeaient le pouvoir Ngwabidje seraient bénéficiaires de ce PPP en province.
Le nouveau gouverneur Purusi va-t-il faire la suite en adhérant aussi à cette pratique ? Que deviendra-il s’il suspendait se contrat dès son arrivée ? N’est-ce pas une occasion de se choisir ses ennemies ? Va-il faire la paix avec les destructeurs de la province pour mieux grignoter aussi ?
Purusi est-il le messie pour le Sud-Kivu ?
Etant l’invité d’honneur à la cérémonie d’ordination des prêtres de l’Eglise catholique à la paroisse de Mwanda, son village natal, Purusi a jurée qu’il ne va pas tomber dans les erreurs de ses prédécesseurs. C’est ce dimanche 7 Juillet, qu’il a encore promis de traquer tous les spoliateurs et détourneurs qui ont signés la province avant son arrivé.
‘’Nous allons tout faire pour que ces maisons spoliées reviennent à l’Etat. Nous allons mettre la main sur tous ceux qui ont détournés les biens de l’Etat. Bientôt ils seront arrêtés et tous ce qu’ils ont volés reviendra à l’Etat. Ça, nous n’allons pas laisser passer. Prier pour nous, voulons construire ce pays,’’ rassure le gouverneur Purusi
A cette occasion, Jean-Jaques Purusi a encore dévoilé que 300 Millions 442Milles dollars Américains est le fond du gouvernement central qui était alloué à la construction de la RN5 (Bukavu-Uvira). Seulement 6km auraient été réalisés durant 6ans.
Amisi Musada Emérite
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