vendredi, avril 18, 2025
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Guerre en RDC: Quand les denrées alimentaires fuient les armes au Sud-Kivu

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La guerre d’occupation à l’Est de la RDC a impacté sur la production agricole, la population en paye. Depuis plus d’un mois, les habitants de la ville de Bukavu et ceux de la cité d’Uvira sont en difficulté de s’approvisionner en denrées alimentaires. Les prix de chaque article sur le marché est en hausse au risque de pénaliser les consommateurs. Les produits agricoles semblent avoir fuit la guerre, ce qui le rendent extrêmement cher.

Les banques qui ne fonctionnent pas ne rendent pas aussi ces transactions faciles. La guerre perturbe tellement la production agricole. Cela compromet la sécurité alimentaire de ces populations accentuant les crises humanitaires. L’insécurité alimentaire se remarque dans la ville de Bukavu et ses environs, devient de plus en plus dangereuse que celle causée par les armes à feu.

Le Sud-Kivu est l’une des provinces de l’Est de la République Démocratique du Congo, dont le chef-lieu est la ville de Bukavu qui est tombée entre les mains des rebelles du M23 depuis le 16 février 2025. Dès lors, les pillages, les tueries, la famine, l’insécurité et le chômage constitut des cas qui rendent la ville invivable.

Cette population de la ville de Bukavu qui traverse un calvaire interpelle Kinshasa aux sens de responsabilité.

‘’Quand Goma fut tombé, tout le monde s’était constitué des provisions en farine, haricot, sucre, légumes, biscuits, riz et des produits de première nécessité pour se préparer à la guerre. Malheureusement tout est fini alors que la situation est de loin à trouver une solution’’, déplore Silvie Mungane (Nom d’emprunt)  

Les producteurs agricoles en cabale sous le M23

Dans tous les territoires environnants la ville de Bukavu, la majorité des agriculteurs n’est pas à l’aise à vaquer librement aux activités champêtres. Ces derniers craignent de rencontrer les éléments du M23, avec toutes les conséquences y relatives. Les agriculteurs n’ont pas pu préparer le terrain, car fuyant la guerre ou pleurant les leurs. Pourtant, le mois de Février et Mars est le bon moment pour la préparation de la saison culturale B. C’est ainsi que la saison B a connu un retard pour certains et une absence totale pour d’autres.

Pour certains observateurs et analystes:  »cette année est en risque d’etre dévastée par la famine par absence des récoltes d’où un calvaire pour les populations déjà saturées des maux de tout vent ».

Il sera question de rappeler que la province du Sud-Kivu et la ville de Bukavu sont réputée comme des entités à vocation commerciale.  Au-delà de cette situation, la perturbation politico-administrative entraine une nette dépendance des pays voisins. Depuis longtemps, la ville importe plus qu’elle n’exporte en termes des produits vivriers. Une partie de son alimentation venant de Kalehe (Café, bovins, manioc), Idjwi (ananas, manioc et autres fruits), Kabare (divers légumes, patate douce, haricot et d’autres céréale), Walungu (un territoire pour le commerce des produits de première nécessité) et Uvira (le riz, farine de maïs, divers fruits) ; sans parler de la ville voisine (Goma) également sous contrôle du M23, qui approvisionne Bukavu en pomme de terre et haricot.

A qui profite l’insécurité alimentaire de Bukavu ?

Actuellement la ville de Bukavu est misérablement coupée de tout appui et cela au profit de l’insécurité alimentaire. En suite cette état d’isolement à tous égard semble profiter aux initiateurs de ce chaos. Des barrières sont érigées à toutes les entrées de la ville, ce qui réduit les mouvements entre la ville (lieu de vente des productions agricole) et les territoires (lieux de production des denrées alimentaires). Comment va survivre la population ? Qu’en sera-t-il dans les mois à venir avec l’absence de la production causée par la guerre dans les territoires de Kalehe, idjwi, kabare, walungu et Uvira ?

Le calvaire est palpable aujourd’hui, bien que le pire reste à venir. La population tend vers une pénurie alimentaire plus fortes qu’avant, avec une hausse exagérée des prix des produits vivriers. Cette situation, profiterait également à l’importation de production agricole et animale en provenance du Rwanda, Burundi, Uganda et de la Tanzanie. La province du Sud-Kivu n’espère pas encore faire un tout petit pas vers son autonomie, moins encore vers indépendance alimentaire. La guerre profite à l’agriculture pratiquée ailleurs qu’au Sud-Kivu, dont les populations doivent croupir encore et davantage dans la misère.

‘’Nous allons mourir de faim car les villages ne produisent pas et nous ne savons pas si les produits que nous consommons venant du Rwanda sont vraiment de bonne qualité‘’, se plaint une femme rencontrée au marché de Nyawera et qui a requis l’anonymat.

De l’insécurité des armes à l’insécurité alimentaire

Cette condition de vie a entrainé une demande accrue de ces denrées sur le marché. Suivant l’offre et la demande, le peu des produits agricoles disponible au marché sont chers aux yeux des acheteurs. L’absence et l’insuffisance de ces production crée la rareté. La rareté en suite entraine la hausse des prix. L’insécurité alimentaire est au rendez-vous suite à l’insécurité des armes.

Dans les différentes zones de combat, les agriculteurs font face à l’insécurité accrue. Leurs champs ne sont pas accessibles et certaines terres agricoles ont été ravies par les équipes au front.

En plus, l’absence de sécurité et de stabilité rend impossible toute planification à long terme pour les agriculteurs. Cela entraine également une perturbation au sein des chaines d’approvisionnement et le commerce des produits agricoles locaux. Aux entrées de la ville, pour faire passer un sac de légumes, de braise ou de farine, un montant forfaitaire est exigé à la barrière érigée injustement par les M23.

Cette restriction de circulation empêche l’acheminement des denrées alimentaires vers la ville et de la ville vers les territoires. Par conséquent, cette situation de guerre entraîne une inflation galopante des prix des produits de première nécessité en ville et dans les territoires. Ce qui rend la production agricole impossible et l’alimentation inaccessible pour les populations vulnérables, laissant les agriculteurs et les populations dans une précarité prolongée.

La guerre reste une menace majeure pour la production agricole locale et la sécurité alimentaire au Sud-Kivu. La fin des hostilités ne signifiera pas une fin imminente des soucis des agriculteurs car ces derniers reprendront timidement leurs activités. La saison culturale ratée sera la source des perturbations alimentaires en produits de première nécessité. Les agriculteurs accèdent difficilement aux semences, pesticides et équipements pendant cette guerre et le marché urbain pour revendre les produits vivriers devient inaccessible. Sans ces intrants, certainement les rendements agricoles vont diminuer considérablement et aggrave davantage l’insécurité alimentaire.

Augustin Biregeyi

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