Guerre en RDC : Plus de 7 dialogues sans résoudre le vrai problème ?
Proche ou loin d’une solution durable, le peuple congolais en a marre. Doha semble ne plus surprendre aux vues des guerres répétitives qui finissent presque de la même manière sans parvenir à une paix durable. Après résolution de chaque crise par un dialogue et signature des accords, le même problème résolu finit par revenir de la même manière. Parmi toutes les vagues des guerres connues en République Démocratique du Congo, celle-ci semble particulière sous toutes ses formes.

Aujourd’hui, les mêmes démarches ont repris. Ensuite de l’échec de l’initiative de Luanda (SADC), de Nairobi (EAC), le Qatar a pris l’initiative en main, balisant ainsi le chemin en invitant en premier le président Rwandais et celui de la RDC. Ce qui a été fait. La deuxième étape a convié les représentants du M23 et une délégation du gouvernement Congolais qui sont à Doha pour une deuxième rencontre des négociations directes. Les congolais vivant dans les zones occupées ont l’espoir froid et des attentes opposées.
RDC, un Etat qui ne perd la guerre que par des dialogues conditionnels
Il sied de noter que la RDC est un pays qui a toujours dialogué. Plus de sept processus de pourparlers entamés, qui n’ont jamais résolu le vrai problème. Rappelons qu’il y a eu Lusaka (1998-2003), Sun City (2002-2003), la conférence de Goma (2008), le dialogue de Kampala (2012-2013), le dialogue de la cité de l’Union Africaine (2016), l’Accord de la Saint-Sylvestre (2016), le dialogue et processus de Nairobi (2022).
Certains analystes doutent en disant que ‘’si la RDC perd encore la guerre par le dialogue, sa population aura encore des années de souffrance dans l’avenir’’, pensent certains experts.
Depuis 2022, les rebelles du M23 se battent sur différents fronts. De Bunagana en passant par Masisi, Lubero, Walikale, Rutshuru, Nyiragongo, Goma, Kalehe, Idjwi, Bukavu, Kabare jusqu’à Walungu ; ces rebelles occupent déjà un espace plus grand que le Rwanda et plus que le Burundi. Dans ces entités, ils déchoient et nomment leurs animateurs à différents niveaux. Les agglomérations occupées au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, ont déjà des animateurs. A chaque poste, il y a un titulaire avec deux adjoints. En plus des entités territoriales, le secteur des mines a des points focaux et les finances (CADECO) ont les leurs aussi. A chaque poste, leur stratégie est de placer un leader local bien connu et influent comme titulaire, puis seconder par des adjoints inconnus, provenant de leur obédience. Les sanctions américaines et européennes n’ont pas inquiété les rebelles parce qu’ils ne cessent de se positionner et s’organiser dans les zones qu’ils occupent.
Les résultats du processus des dialogues et négociations en cours à Doha semblent prendre du temps par rapport à l’impatience de la population meurtrie.
#RDC_RWANDA : Rien de bon sortira à Doha ce 9 avril pour des pourparlers directs sous l’égide du Qatar entre le gouvernement congolais et les supplétifs du Rwanda.
Le Rwanda et ses supplétifs du M23-AFC n’ont pas besoin de négocier, ils préfèrent cette situation pour piller… pic.twitter.com/W7lZF3c2Tn
— Alain Make Nzonga (@AlainMake20) April 9, 2025
L’urgence d’une bonne orientation des résolutions
Le dialogue avec les communautés et groupes ayant pris les armes paraît moins sincère. Les vrais problèmes ne sont pas analysés et les vrais acteurs ne sont pas impliqués.
Comment résoudre un problème communautaire sans impliquer les communautés impliquées ? Souvent, les Banyamulenges se disent être en insécurité sociale et foncière. Pourquoi seulement cette communauté ? Peut-on résoudre les problèmes de Banyamulenge sans résoudre ceux de Bafuliru, Bavira, Banyindu, Babuyu, Batwa, Barega? Comment résoudre les problèmes des Tustis et Hutu de Masisi, Rutshuru, Kalehe et Fizi sans résoudre les prpoblèmes des de Bahunde, Banande, Bahavu et Bashi ?
Comment penser à une paix durable si la justice, la réparation et la réconciliation n’ont pas été au rendez-vous ? Comment expliquer les survivants de Katogota, Kiliba, Mutarule, Makobola I, Kasika, Kavumu, Kaniola, Katana (Igundu), Kishishe, Beni, Butembo, que la paix durable est déjà venue si personne n’a été jugé pour ses crimes ? Comment pardonner à ceux qui n’ont pas demandé pardon ?
Comment penser à un vivre ensemble si une minorité (politique et sociale) se tape le 95% de la richesse du pays ? Comment vivre ensemble si certains font de la guerre leur cloche pour se faire entendre ? Quelle paix dans un pays où la gouvernance n’a pas élu domicile ?
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Comme vous le savez, la RDC a déjà dialogué plusieurs fois. Les parties aux conflits trouvent toujours des alibis pour faire la guerre. Les habitants du Sud-Kivu et du Nord-Kivu savent c’est quoi la guerre. Ils ont tout perdu. Oui, Tout. Qu’ont-ils encore à perdre ?
‘’ Si les dirigeants congolais veulent une paix durable, ils ont le choix entre gagner cette guerre par la guerre, où la perdre en dialoguant. Une chose semble sûre, avec ce dialogue au format ancien, on arrivera à une paix de façade. Les vaincus d’aujourd’hui seront les vainqueurs de demain’’, fait savoir un professeur de l’UOB qui a requis l’anonymat.
La proposition du prix Nobel de la paix, Dénis Mukwege
Déclaration suite à l’annonce de « négociations de paix directes » entre la RDC et le M23.
Le conflit armé en RDC est caractérisé par sa forte dimension internationale avec l’intervention directe du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi et l’implication des pays de la SADC et de… pic.twitter.com/JV5a1ANAJg
— Denis Mukwege (@DenisMukwege) March 17, 2025
Amisi Musada Emérite
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