RDC : La CENI a mis le feu aux poudres en reconnaissant qu’il y a eu fraudes électorales (Me Miguel Cirhuza)
En République Démocratique du Congo, la commission électorale nationale et indépendante, CENI, a procédé, le 5 janvier 2024, à l’invalidation des suffrages de 82 candidats députés ayant postulé aux législatives nationales, provinciales mais aussi à l’élection municipale du 20 décembre 2023. Annulant également les résultats des élections dans les circonscriptions de Yakoma au Nord-Ubangi et de Masimanimba dans le Kwilu, la décision a laissé intacte l’élection présidentielle hautement contestée. Dès lors, que des questionnements par tout au pays.
La décision de la CENI a été prise après nombreuses accusations détention illégale des machines à voter, fraudes, de destruction du matériel électoral, bourrage des urnes et incitation à commettre des actes de violences contre les agents de la CENI.
Parmi les invalidés, 3 ministres en fonction, 4 gouverneurs de province, 6 sénateurs et 1 membre du bureau de l’Assemblée Nationale. Une liste dont la quasi-totalité sont des membres de l’Union Sacrée pour la Nation, la plate-forme politique soutenant le Président Félix Tshisekedi !
La décision de la CENI a alors suscité plusieurs analyses et questionnements dans le chef des citoyens congolais. Une décision prise après la publication des résultats provisoires à la présidentielle proclamant Félix vainqueur.
Mais pourquoi après la proclamation de la présidentielle ?
« L’invalidation des candidatures a-t-elle concerné uniquement le niveau législatif, pourtant le bulletin de vote comporte 4 niveaux ? Pourquoi le niveau présidentiel est épargné ?», se demandent à présent certains citoyens congolais.
Maitre Miguel Cirhuza, analyste politique habitant la ville de Bukavu, pense que cette façon de reconnaitre la fraude pendant le processus électoral, c’est accorder des arguments convaincants à certains opposants qui réclament l’annulation sans condition de ces élections malgré les coûts qu’elles ont infligés au trésor public.
« La CENI a mis le feu aux poudres quand il a reconnu qu’il y avait fraude électorale », a-t-il dit
Miguel pense que cette institution d’appuie a la démocratie devrait plutôt laisser ce travail à la cour constitutionnelle qui est un organe suffisamment outillé pour mener des enquêtes approfondies afin d’établir de la lumière dans cette affaire.
« Cette décision, à mon avis, revient à la Cour Constitution. Elle ne n’est pas de la compétence de la CENI ! Cet acte est un signe de violation des droits » a-t-il fait savoir.
D’autres analystes indépendants soutiennent que la CENI devrait apporter la lumière face à cette situation qui la « discrédite ».
A l’opposition comme dans le camp au pouvoir, le grincement de dents est pleinement au rendez-vous.
La fraude corrompt tout !
« En principe de droit, La fraude corrompt tout », rappelle Maître Miguel Cirhuza qui indique que la CENI a donné droit à ses détracteurs et que par conséquent cette décision devrait s’appliquer en amont plutôt que de le faire après la publication de certains résultats.
Pour rappel, la publication des résultats des élections par la Cour Constitutionnelle en RDC devrait avoir lieu depuis le 10 janvier 2024 telle que prévoyait le calendrier électoral de la CENI, mais cet évènement a été repoussé à une date « à préciser » par la CENI.
Vu ce report, certains observateurs crient à la tricherie que la centrale électorale serait en train de préparer pour autant qu’elle n’a pas été capable de donner les résultats dans le délai.
Ceux-ci indiquent que le parti au pouvoir, en connivence avec la CENI, veut « fabriquer » ou mieux « nommer » des députés acquis à sa cause et dont le nombre est au-delà de la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Si à la proclamation des législatives cette hypothèse se confirme, il est fort possible que pour son intérêt, cette majorité se mette à changer des lois, voire certains articles verrouillés de la constitution du pays.
Anne-Marie Kwinja
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