IDJWI : Un véritable calvaire des détenus dénoncé

Malgré sa population de 341 828 habitants (Statistique 2024 de la Zone de Santé), le territoire insulaire d’Idjwi n’a pas de prison. La Société civile et les organisations de défense des droits humains fustigent les conditions inhumaines dans lesquelles les détenues sont incarcérés. Apart le manque de prison, le Tribunal de Paix d’Idjwi et le Parquet près le tribunal de Paix fonctionnent difficilement depuis des années.

Quelle condition d’incarcération ?

‘’Pour le moment nous avons quelque chose, je ne sais pas s’il faut l’appeler prison, c’est juste une chambrette. Lorsque on fait entrer même 10 personnes ça fait très mal parce qu’ils sont trop serrés et asphyxiés’’, fait savoir Mamboleo Mustafa, l’administrateur du Territoire d’Idjwi.

Idjwi est l’un des 8 territoire de la province du Sud-Kivu à l’Est de la République Démocratique du Congo. Dans cette première île de la RDC, il y a plusieurs cachots dans les groupements, dans les chefferies et dans différents postes de la police nationale congolaise (PNC).

‘’le havre de paix Idjwi, tend vers un désastre sécuritaire si rien n’est fait à temps’’, d’après les internautes.

Il devrait y avoir une prison au chef-lieu du territoire où résident tous les services étatiques et paraétatiques, les bureaux polico administratifs, le Tribunal de Paix et le Parquet près le Tribunal de Paix.

Malheureusement, tous les détenus que ces cachots transfèrent à Kirhabo/Bugarula, ont comme destination, une très petite chambrette qui ne peut pas contenir 10 personnes selon les témoignages.

Dans ce lieu carcéral inapproprié, les détenus sont parfois étouffés, asphyxiés et bon nombre tombent malade jusqu’à mourir selon la société civile qui dénonce cette violation des droits humains.

‘’Une personne peut être arrêtée sans être condamnée parce qu’il y en a qui gagnent le procès après avoir été en prison. C’est vraiment une très petite chambrette où les conditions de vie sont exposées. Cette question mérite l’attention des autorités à tous les niveaux’’, déclare Gislain Safari, président de la Société Civile et force vive d’Idjwi.

Quand l’absence d’une maison carcérale fait appel aux conséquences  

L’article 85 de la loi organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, reconnait la compétence d’un Tribunal de Paix en matière infractionnelles à traiter les dossiers dont la peine ne dépasse pas 5 ans. C’est-à-dire que, le Tribunal de Paix d’Idjwi peut condamner et les prisonniers peuvent être gardés durant 5ans selon l’infraction et peines à leurs charges.

Malheureusement par manque d’une maison carcérale ils fissent par les transférer à la prison centrale de Bukavu et celle de Kabare. Dans cette situation d’absence d’une maison carcérale à Idjwi, l’impunité prend de l’ampleur à vive allure.

Selon la Société civile, il arrive de fois que moyennant ‘’une corruption’’ les prisonniers soient libérés par motif d’insuffisance de l’espace. D’autres sont transférés sans aucune faute grave.

C’est impossible d’arrêter une femme par ce qu’il n’y a pas où la garder. S’il arrive que le parquet arrête une femme, il l’amène dans le cachot de la police parce qu’ils n’ont qu’une petite pièce.

‘’Comme il n’y a pas d’espace, parfois ils annoncent le transfert d’un prisonnier à Bukavu soit à Kabare mais le lendemain nous les voyons sillonner librement dans le Quartier. C’est sur une mise en liberté provisoire que les gens sont libérés souvent. Cela est négociable moyennant une somme forfaitaire d’argent sans quittance variant entre 50 milles à 200milles francs congolais’’, révèle une autre source anonyme de la société civile.

Ayant documenté sur cette situation depuis un moment, l’organisation non gouvernementale PPI (Partenariat pour la Protection Intégrée) dénonce les conditions carcérales inhumaines que subissent les détenus partout sur le territoire d’Idjwi.

‘’Imaginez sur toute l’étendue de ce territoire insulaire, il n’existe aucune prison. Il est inconcevable qu’une piécette de moins de 4m² soit utilisée comme prison et où plus des 20 personnes sont entassées. Il est plus qu’urgent que ceux qui nous gouvernent construisent des prisons tenant compte de la dignité humaine à Idjwi’’, déclare Jonathan Magoma, le Directeur pays à d’interim de PPI en RDC.

L’extrême vulnérabilité du Tribunal de Paix et le Parquet près ce tribunal  

Le tribunal de paix et le Parquet d’Idjwi ont été installés depuis plusieurs années malheureusement ils n’ont jamais reçu un espace de travail approprié. Selon nos sources, le président, les juges, tous les greffes et autres attachés au TriPaix d’Idjwi totalisent environs 7ans d’arriérés de salaire.

Le Tribunal de Paix d’Idjwi est locataire dans une maisonnette depuis des années. Pendant un état de lieu effectué sur terrain par un reporter de http://DeboutRDC, des sources sûres nous ont fait savoir que le loyer cause problème et il y aurait des accrochages les mois passés entre les bailleurs et les procureurs de ce tribunal pour non payement de loyer.

S’il s’agit des audiences publiques ou autres procès, ils n’ont aucune salle d’audience. C’est la chefferie Rubenga qui aide souvent le TriPaix d’Idjwi en allouant gratuitement sa salle située à quelques mettre.

‘’Je fais un appel aux volontaires, de venir nous aider pour que le tribunal qui est une grande institution dans la vie sociale de la population et de l’Etat soit doté d’un bâtiment à Idjwi. La prison doit être aussi construite pour que les détenus soient dans des bonnes conditions. Les espaces sont là pour la construction du TriPaix, Parquet et la prison. Il ne manque que les moyens financiers’’, plaide Mustafa, l’administeur de Territoire d’Idjwi.

Rappelons qu’Idjwi est un territoire insulaire situé au milieu du lac Kivu entre la Ville de Goma et celle de Bukavu. On appelle ‘’Idjwi archipel’’ parce qu’il constitue une grande île et plusieurs autres ilots aux alentour. Idjwi est l’une des plus grandes îles à l’intérieur du continent africain avec une longueur de 70 km et une superficie de 310 km².

Amisi Musada Emérite

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