BUKAVU : Pourquoi les officiels ne sont pas venus à la messe pourtant invités ? (Archevêque de Bukavu)
La réponse de l’archevêque est aussi surprenante qu’interpellatrice! En effet, à l’occasion de la commémoration de 65 ans des martyrs de l’indépendance en République Démocratique du Congo, l’archevêque de Bukavu, dans l’Est du pays, a, comme d’habitude, célébré, ce 4 janvier 2024, une messe avec la jeunesse. Messe présidée par lui-même en la Cathédrale Notre-Dame de la Paix de Bukavu. Désolément, le prélat a constaté l’absence des autorités provinciales pourtant conviées à la messe en cette journée fériée par tout au pays.
« Pourquoi les officiels ne sont pas venus pourtant invités ? ».
La réponse du patron de l’Eglise Catholique dans la province du Sud-Kivu surprend au tant qu’elle interpelle!
« Aucune autorité administrative de la province n’est présente ici à la messe. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas été invités mais ils s’occupent chacun de son sort aux élections du 20 décembre dernier ».
Mgr François Xavier Maroy a également fait des révélations en disant tout haut ce qui se dit tout bas dans les réseaux sociaux quant aux élections.
« J’ai appris par les réseaux sociaux que certains sont à Kinshasa pour voir comment tricher les élections. Peut-être que c’est la raison de leur absence ici ».
Et de poursuivre :
« S’ils étaient là, nous avons le devoir de les rappeler que la bonne gouvernance émane du patriotisme qu’ils prônent. Leur dire que continuer à se rappeler de ce jour sans changement, reste vain. Ils ne sont pas là malheureusement », regrette-t-il.
Ayant constaté qu’« au lieu qu’on avance, l’on ne fait que reculer », Maroy a appelé la jeunesse à bannir les antivaleurs et à avoir un sens patriotique pour relever les défis et honorer la mémoire des martyrs.
Dieu et la Patrie
« Quand on est enfant de Dieu, on se force à lutter contre les antivaleurs, et à vivre en homme droit ».
C’est ce qu’a prêché l’archevêque en rappelant que la situation actuelle de « notre pays » est développée sur les antivaleurs, ce qui aggrave les conditions de vie du peuple congolais « que nous sommes ».
Il a rappelé qu’entre la patrie et la chrétienté, le rapport réside au niveau de la conscience et que le sens patriotique relève de la prise de conscience de la jeunesse.
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Pourquoi célébrer la journée des martyrs avec les jeunes ?
l’Abbé Innocent Akili, aumônier diocésain des jeunes de Bukavu, a fait savoir que c’est dans le but d’éveiller la conscience de jeunes, la conscience d’appartenir à « ce pays », de l’aimer, de travailler pour lui et non seulement pour son présent, mais aussi pour son avenir, en prenant comme exemple, les martyrs de l’indépendance qui ont accepté de perdre leur vie pour le bien-être de leur patrie.
Après la messe, les jeunes ont participé dans une conférence animée par l’Abbé Prof. Jean-Pierre Muhingisa, curé de la paroisse Saint François Xavier de Kadutu, sous le thème : « les grandes lignes historiques de la RDC et les enjeux post électoraux ».
Mais que s’était-il passé le 4 janvier 1959 au pays de Lumumba ?
Selon le site de Radio Okapi, ce jour-là, en pleine colonisation belge, des émeutes avaient éclaté à Kinshasa (ex-Léopoldville), faisant plusieurs dizaines de morts et la casse à grande échelle.
Selon de nombreux historiens, ce jour a inauguré une série de revendications congolaises qui déboucheront à l’indépendance de la RDC, le 30 juin 1960.
Selon l’histoire, Alliance de Bakongo (Abako), le parti politique de Kasa-Vubu qui deviendra d’ailleurs président de la RDC le 30 juin 1960, prévoyait ce jour-là un meeting sur la Place YMCA à Kinshasa.
Objectif visé : ne pas se faire distancer en popularité par le parti de Patrice Lumumba, MNC, qui avait lui organisé un meeting très suivi une semaine avant.
Le jour du meeting, Kasa-Vubu et les siens décidèrent de l’annuler pour ne pas porter la responsabilité, si troubles il y avait ; étant donné que les revendications d’émancipation étaient fréquentes en cette période et que les colons belges, administrateurs de la RDC, avaient mis en garde Kasa-Vubu.
Plusieurs milliers de personnes qui étaient déjà sur le lieu du meeting refusèrent toute annulation. Elles commencèrent à s’énerver, à casser et à s’en prendre aux colons.
La police réprimera sauvagement ces incidents. Cette situation va coïncider avec l’arrivée dans ce même périmètre de plusieurs milliers des gens qui sortaient du stade de football après un match.
La confusion, la casse et la répression vont s’aggraver. Les statistiques de ces évènements ne seront jamais connues. Mais les estimations parlent de pas moins de cent morts.
Les revendications congolaises ne se calmeront plus jamais jusqu’à l’obtention de l’indépendance le 30 juin 1960.
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