SUD-KIVU: Gouverneur a.i, Marc Malago a 30 jours pour relever les défis
Le gouverneur intérimaire de la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République Démocratique du Congo, Marc Malago Kashekere, a, au cours d’un point de presse tenu ce 6 mars 2023 au gouvernorat de cette province, dit être déterminé à répondre aux attentes de ses administrés. Il s’agit de sa première communication faite à la presse une semaine après son entrée en fonction comme intérimaire, remplaçant ainsi le gouverneur Théo Ngwabidje Kasi déchu par l’assemblée provinciale le 24 novembre 2022 pour plusieurs griefs.
« Je voudrais, ici, rassurer tout le monde, et surtout la population du Sud-Kivu, de ma plus grande détermination pendant mon intérim à ne ménager aucun effort pour répondre tant soit peu, à ses attentes ».
Quatre axes prioritaires pour le gouverneur a.i
Désigné gouverneur ad intérim de la province du Sud-Kivu le 24 février 2023 par le vice-ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumière, Marc Malago a présenté à la population de cette province quatre axes prioritaires de sa gouvernance.
« Ma priorité sera focalisée sur la sécurité, le social, les infrastructures et l’accompagnement du processus électoral ».
Il s’agit d’une promesse faite à une population assoiffée de l’amélioration de ses conditions de vie et dont le développement de la province est réputé de « régressif ».
Evaluation du gouvernement Ngwabidje
S’agissant de l’évaluation de l’action du gouvernement démissionnaire dont il a fait partie, Marc Malago a souligné qu’il reste loin de lui l’intention d’y procéder. Il a toutefois indiqué que cette évaluation appartient au souverain primaire et à ses représentants.
Plutôt que d’évaluer le gouvernement dont il a été la deuxième personnalité depuis 2019, Malago a prêché le pardon et la cohésion comme le seul remède indiqué pour rassembler les fils et filles autour de l’idéal commun de paix et de développement.
Il sied tout de même de rappeler que pendant les quatre années du règne de Ngwabidje, les représentants du souverain primaire du Sud-Kivu ont, d’une manière ou d’une autre, procédé à cette évaluation. Quatre motions ont été initiées contre ce gouvernement dont deux motions de censures et deux autres de défiance. La quatrième, de censure, étant celle du 24 novembre 2022 et qui l’a finalement destitué, jusqu’à preuve du contraire.
A l’instar de la plus part des gouverneurs destitués dans différentes provinces après les premières élections démocratiques de 2006 tenues en RDC, Ngwabidje et son gouvernement ont été accusés de mauvaise gestion caractérisée par des détournements de deniers publics, de manque de transparence et d’incompétence.
A la veille de cette motion, un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) « publié » dans les réseaux sociaux avait attesté le détournement de plusieurs millions de dollars dans la province. Et le 14 décembre 2022, la ministre de Justice avait, par correspondance, demandé au Procureur Général près la Cour de Cassation d’accorder une « diligence nécessaire » au dossier judiciaire lui transmis par l’IGF à l’issue de la mission de contrôle effectuée au gouvernorat du Sud-Kivu afin que les présumés auteurs d’actes infractionnels dénoncés soient poursuivis.
30 jours d’intérim pour tout réaliser
« Je vous promets une gouvernance axée sur la redevabilité et le dialogue social permanent ».
La Constitution de la RDC, en son article 198, stipule que lorsqu’un gouverneur de province est destitué, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) est appelée à organiser l’élection du nouveau gouverneur dans un délai de trente jours. Pendant ce temps, bien entendu, il faut un Gouverneur a.i. Ceci dit, Malago est supposé être gouverneur pour une durée de trente jours. Dans une province où il a hérité d’une situation financière « très catastrophique », saura-t-il faire face à ses nombreux défis dans un mois ?
Oui ou non, Théo Ngwabidje ne lui aura laissé que 48 185 USD (quarante-huit mille cent quatre-vingt-cinq dollars américains) et 33 895 144 (trente-trois millions huit cent nonante-cinq mille cent quarante-quatre francs congolais, soit 16 558 USD) dans tous les comptes de la province. En plus, rien n’exclut que ce délais constitutionnel soit étendu pour de raisons qui seraient révélées le moment venu.
Les défis étant énormes, le nouveau chef de l’exécutif a alors fait un appel à toute la population du Sud-Kivu, l’invitant à la vigilance et au civisme fiscal pour une mobilisation maximale des recettes.
C’est par ici même que le nouveau numéro un de la province a invité toute la population à accompagner le programme de développement de 145 territoires initié par le Président de la République. Un programme lancé par lui au Sud-Kivu le 3 mars 2023 dans la Plaine de la Ruzizi, à 9 mois des élections générales prévues en décembre 2023.
Des mesures sévères prises
N’ayant hérité que d’un total de 64 743 USD (soixante-quatre mille sept cent quarante-trois dollars américains) et vu cette situation financière inconfortable, le gouverneur ad intérim a annoncé deux grandes mesures « strictes ».
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« J’ai pris la décision de suspendre préventivement tous les contrats de Partenariat Public Privé (PPP) en cours concernant la mobilisation des recettes de la province et mettre en place une commission mixte ‘Assemblée Provinciale et Gouvernement Provincial’ pour les analyser au cas par cas. En attendant, les services techniques et les divisions vont reprendre la perception de toutes les taxes dues à la province et c’est sous l’encadrement de la DPEMR ».
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«Tenant compte de plusieurs dénonciations de spoliation du patrimoine de l’Etat, j’ai décidé de prendre des mesures conservatoires, celles de suspendre les travaux en cours et l’attribution des titres. Une commission ad hoc sera mise en place pour analyser et me présenter un rapport pouvant me permettre de prendre des bonnes décisions».
Marc a conclu son mot en rassurant sa population que durant le temps de son intérim il sera ouvert à toutes les propositions constructives pour faire avancer la province du Sud-Kivu.
En attendant, le recours de Théo Ngwabidje reste pendant à la Cour Constitutionnelle depuis le 24 février 2023. Celui-ci avait fustigé et dénoncé « l’inconstitutionnalité » de la motion de censure votée par les députés provinciaux du Sud-Kivu qui, avait-il souligné, était entachée de plusieurs irrégularités. Alors que la victoire est déjà célébrée par l’organe délibérant qui avait voté la motion et que l’intérimaire est déjà désigné, serait-il possible que la Cour Constitutionnelle réhabilite Ngwabidje à la quatrième motion et après tous les griefs qui pèsent sur lui ?
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