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Consolidation de la paix

Sud-Kivu : Des jeunes à ne pas voter

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En prélude des élections générales qui  auront lieu en décembre 2023 en RDC, plusieurs jeunes affutent leurs armes pour participer à ces élections. Pas comme électeurs seulement mais aussi comme candidats à tous les niveaux. De l’entreprenariat à la société civile en passant par les mouvements citoyens, des jeunes espèrent changer bien des choses une fois députés, conseillers communaux, président, sénateurs … Ces derniers comptent sur les voix de leur pair jeunes pour qu’ils soient élus. La question, faut-il juste être jeune pour être bon dirigeant ? Comment ces derniers ont géré les organisations, mouvements citoyens, entreprises sous leur gestion ?

La jeunesse, plus de 60% de la population

Selon plusieurs statistiques, les jeunes représentent  plus de 60% de la population congolaise. Les statistiques de la CENI, ne font pas une distinction entre les jeunes filles et les jeunes garçons, mais, cette catégorie de congolais (18 à 35 ans), représente une fourchette importante des électeurs congolais. Il est donc évident que si ces jeunes décident de soutenir certains  de leurs compatriotes jeunes, ils auront la chance de faire élire des jeunes à tous les nouveaux. La plupart des jeunes actuellement qui annoncent leurs candidatures, sont issues des mouvements citoyens, des organisations de la société civile, dans le monde des affaires. Certains n’ont pas été des modèles sur qui la république peut compter.

Jeunes et vieux, la poule et l’œuf ?

Le renouvellement de la classe politique ne peut pas se traduire par le remplacement des vieux par des jeunes dans une société où les jeunes sont infectés par le virus de la corruption, du manque de constance et d’idéologie. Un rajeunissement de la classe politique basé exclusivement sur le critère de l’âge peut « nous conduire à la catastrophe », craint Delphin Murhabazi, jeune congolais et militant au sein du mouvement citoyen réveil des indignés.

En voyant le microcosme politique congolais, on constate qu’on a d’un côté une vieille classe politique qui s’appuie sur les jeunes pour survivre et de l’autre côté des jeunes sans discernement et sans convictions qui servent de pont aux vieux politiciens lorsqu’il faut pourtant les sanctionner.

« C’est la poule et l’œuf. Sans l’un, il n’y a pas l’autre. Et dans le contexte de la politique congolaise, les deux se complaisent dans leur stupidité mais il y a quand même une partie qui en tire tout le profit », regrette Delphin.

Pour le Prof. Dr Denis Mukwege, le renouvèlement de la classe politique en RDC ne consistera pas à remplacer les vieux par les jeunes.

« Ce dont a besoin notre peuple, c’est renouveler l’échelle des valeurs afin de remplacer l’immoralité par la moralité, la malhonnêteté par l’intégrité, la traîtrise par le patriotisme », soihaite  Denis Mkwege.

Des jeunes vendeurs de lutte

Dans la ville de Bukavu, certains jeunes sont devenus la rusée de leurs pairs. Ces jeunes, membres de certains mouvements citoyens sillonnent des médias, participent à des émissions radios et télé sur divers sujets.

Ces derniers, tirent à boulet rouge sur les dirigeants, qui visiblement ne font rien pour améliorer les conditions des vies des populations. Ces jeunes, sillonnent des quartiers, ont des points focaux dans les villages qui leur envoient des informations pour « clouer les autorités » se rappelle un habitant de la ville de Bukavu.

Si au début les habitants ont fait confiance à ces jeunes, actuellement, les autorités ont trouvé une formule : Noyauter ces jeunes et leurs maitres. Désormais  derrière chaque déclaration, communiqué ou message sur whatssap, se cache une volonté de soutirer un peu d’argents aux autorités. Dans le jargon de Bukavu, on appelle cette stratégie de ces jeunes des « Musumba (Colis que les commerçants ambulants portent à longueur de journée à la recherche des clients).

Qui a trahi un jour, trahira toujours!

Plusieurs jeunes actuellement au Sud-Kivu, dirigent des organisations de la société civile ou des mouvements citoyens après avoir trahi leurs collègues.

« Au Sud-Kivu, il suffit que tu interpelles un collègue, il décide de dédoubler le mouvement. Ils veulent être tous des chefs », regrettent un observateur de la vie associative à Bukavu.

Si le mouvement n’a pas été dédoublé, certains jeunes sont devenus des agents de renseignements des autorités dans leurs différentes structures. Grace à eux, les autorités ont la situation du mouvement à temp réel.

« A chaque manifestation on était surpris de voir que les autorités connaître où nous étions réunis et les bases de notre discussion », se rappelle un militant.

Il y a presque une année, des jeunes activistes de mouvements citoyens étaient nombreux, leurs déclarations inspiraient confiance et respect. Actuellement, ils sont rares ces jeunes restaient debout ayant continué leur lutte.

« Où sont partis les jeunes des mouvements citoyens ? N’est-ce pas qu’ils se sont fondus dans les partis politiques ? Et ceux qui n’y sont pas ouvertement en sont membres par le jeu des alliances avec les politiciens qu’ils soutiennent », regrette Delphin.

La jeunesse, un état d’esprit

« La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années : on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal. Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l’âme»,

disait le général américain Mc Arthur.

Face à la situation actuelle en RDC, s’il faut parler du rajeunissement de la classe politique, nous devons garder le principe selon lequel la jeunesse est un état d’esprit. C’est là que nous saurons qui est jeune et qui ne l’est pas.

 « C’est seulement à cette condition que nous ferons de bons députés jeunes, des jeunes libres d’esprit et d’opinions »,

ajoute Delphin Murhabazi.

Des acteurs de la société civile « dictateur »

En plus des jeunes des mouvements citoyens, qui veulent se lancer en politique, il y a des acteurs de la société civile. Par ces responsables des organisations de la société civile, il y a ceux-là qui ont dirigé ou géré leurs organisations comme des boutiques familiales. Pas d’élections, gestion opaque des ressources de l’organisation, chasse à l’homme des anciens collaborateurs et/ou fondateur dans l’objectif de bien assoir son pouvoir. Ce genre d’acteurs, sont-ils des modèles ? Sont-ils différents de ces politiciens qui vendent les maisons et parcelles de l’Etat sans respect des normes, sont-ils différents de ces politiciens qui détournent les fonds publics, sont-ils différents de ces politiciens égoïstes et népotistes ?

Un pied à la société civile, un autre dans la politique

Beaucoup d’acteurs de la société civile étaient dans les rues pour dénoncer la mauvaise gouvernance portée par le régime Tshisekedi et endossée en province par le gouverneur de province. Ils étaient dans la rue, dans des médias et sur les réseaux sociaux pour condamner le modus operandi du parti au pouvoir.

Curieusement comme par magie, ils  sont devenus les communicateurs des mêmes politiciens dont ils condamnaient la gouvernance. Certains sont devenus leurs défenseurs, d’autres ont du coup adhéré dans les mêmes partis politique.

Delphin, regrette de voir que la jeunesse actuelle est sans conviction, sans vision et sans repères, incapable de payer le prix du changement pour lequel il se bat.

« C’est dommage »,

écrit-il à la rédaction de deboutrdc.net

Ces candidats malheureux, où iront-ils ?

Selon les statistiques de la CENI, plus de 20 milles personnes ont postulés à la députation nationale. Un nombre exorbitant au vue du besoin à l’Assemblée Nationale qu’est de 500 seulement. Certainement certains acteurs de la société civile seront élus, d’autres non.

Pour Jean-Claude Katende, les élections de 2023 vont dépouiller la société civile de beaucoup de ses acteurs.

« Surtout ceux qui avaient tantôt le pied dans les partis politiques et dans la société civile. Le temps de la vérité va sonner bientôt”,

écrit Jean Claude Katende, président National de l’Association Africaine des Droits de l’Homme, ASADHO. Ces acteurs de la société civile qui ont adhéré aux partis politiques pour participer aux élections de décembre 2023 devront rester dans des partis politiques, ne pas revenir à la société civile.

« Pour moi, ils devront rester dans les partis politiques »,

conclut Jean Claude Katende.

Tout ne pas « pourris »

Dans toutes les sociétés il y a des bons et des mauvais. A la société civile aussi. Les congolais devraient donc voter pour des candidats qui ont fait preuve de bon gestionnaire des structures locales, nationales ou internationales. Voter pour des congolais qui ont refusé de salir leur réputation pour des miettes ou pour les intérêts égoïstes.

Ces congolais existent, il faut juste bien avoir autour de vous car : « Celui qui est fidèle en très peu de chose, est fidèle aussi dans les grandes choses; et celui qui est injuste en très peu de chose, est injuste aussi dans les grandes choses », dit la Bible.

Par Justin Murhula

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