SUD-KIVU: Bientôt la campagne « Jeune Vote pour Jeune »
Des jeunes de la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République Démocratique du Congo se préparent à prendre part active aux prochaines élections. Dans un vox pop réalisé ce 4 avril 2023, dans la ville de Bukavu, chef-lieu de la province, ils se disent être prêts à se soutenir entre eux pour participer au développement tant souhaité au pays.
Comme partout ailleurs en RDC, les jeunes de Bukavu sont unanimement d’accord qu’il est grand temps de rajeunir la classe politique congolaise afin que la nouvelle génération ait la possibilité de diriger les instances de prise des décisions à tous les niveaux. Ils ont hâte d’exprimer leurs compétences et leurs soucis à changer les choses.
Place aux jeunes maintenant
Les jeunes de la ville de Bukavu soutiennent que les ainés ont échoué leur mission ; celle de remettre le pays sur la voie du vrai développement. Ceux-ci pensent que les jeunes pourraient encore faire mieux dans la politique congolaise, une fois confiance leur est donnée.
Ils appellent leurs pairs à ne voter que pour des jeunes afin de « punir » d’une manière ou d’une autre l’incompétence de leurs ainés qui, selon eux, ne font que des promesses abstraites et irréalisables.
Pour Isidore Dunia, étudiant en Sciences Politiques et Administratives à l’Université Officielle de Bukavu, le rajeunissement de la classe politique permettra de changer des autorités qui ont démérité et corriger où ils ont failli.
« Nous voulons alors donner la chance à ces jeunes qui ont l’esprit de leadership pour le changement et le développement de notre pays en général et de notre province en particulier ».
Isidore lance un appel aux jeunes pour voter jeune.
« Voilà pourquoi je demande à tous les autres jeunes comme moi de soutenir des jeunes ambitieux pour affronter les élections afin de changer l’image de la RDC détériorée depuis longtemps ».
Corneille Kabagale, jeune de la ville de Bukavu, soutient, lui aussi, que c’est depuis longtemps que les jeunes sont victimes de la politique des ainés et que l’heure du véritable changement vient de sonner.
Fier de la prise de conscience de ses semblables pour briguer des postes aux scrutins de décembre prochain, Corneille propose une théorie qui, selon lui, permettrait aux jeunes d’apporter efficacement la pierre à l’édifice.
« Depuis un temps, nous jeunes sommes victimes de la mauvaise politique de nos ainés qui font beaucoup de chose sans nous associer. N’est-il pas dit que « ce qui se fait pour nous sans nous est contre nous ? » Les jeunes devrait commencer aux niveaux les plus bas pour aller petit à petit aux plus hauts niveaux ; ce qui ne se fait jamais ici chez nous car des élections locales n’existent pas alors qu’elles permettraient aux jeunes de participer activement à la gestion du pays. Un jeune qui a un jour occupé un poste au sein du quartier, de la commune, etc. peut facilement postuler comme candidat gouverneur ou président de la république et ça permettra aux pays de se doter des bons dirigeants ».
Didace Bukuze, anayste politique dans la ville de Bukavu, pense qu’il faut rajeunir la classe politique congolaise pour corriger les erreurs du passé car ceux qui ont eu la confiance de la population n’ont pas fait c’est à quoi elle s’attendait.
« Ceux-là que nous avons envoyés ont déçu car il semble qu’ils sont partis pour leurs propres intérêts au détriment de ceux qui ont placé confiance en eux ».
Qouique Bukuze regrette de constater qu’actuellement la population Sud-kivutienne vit comme si elle n’avait pas de « piliers », il souligne la détermination de la jeunesse à tout reconstruire dans un élan de solidarité et confiance mutuelle pour relever les défis.
La campagne « jeune vote pour jeune »
A l’instar de Bukuze et d’Isidore, Albert Matabaro croit qu’il est temps de faire confiance aux jeunes pour apporter un plus dans le changement positif de la RDC.
Ce cadre du parti politique Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECiDé) de l’opposant Martin Fayulu pense que 63 ans après l’indépendance, les mêmes personnes, comme si elles étaient « programmées », ne produisent que le même chaos au pays. Il estime donc qu’il est temps d’engager une campagne qui invite toute la jeunesse à ne voter que pour la jeunesse.
« Je demanderais d’ailleurs aux autres jeunes d’initier une campagne que nous appellerons, ‘Jeune Vote pour Jeune’ dans le but de punir aussi d’une manière directe ces ainés qui s’en foutent de nous ».
Il est à noter que depuis la première expérience électorale en 2006, en RDC, seules les élections présidentielles et législatives nationales et provinciales sont organisées. Des élections locales et municipales auxquelles les jeunes pouvaient tenter leur chance pour briguer des mandats et contribuer à l’instauration de la bonne gouvernance ne sont jamais organisées.
Des études menées par certaines structures des jeunes démontrent un faible taux de participation des jeunes aux élections depuis la première échéance jusqu’aujourd’hui.
L’étude sur la participation des jeunes menée par l’asbl Karibu Jeunesse Nouvelle, par exemple, démontre seuls 8 pourcent des jeunes étaient candidats aux législatives provinciales en 2006 contre 21 pourcent en 2011. Comme électeurs, cette étude a identifié 41 pourcent des jeunes en 2006 contre 33 pourcent en 2011.
En RDC, la politique est considérée comme le seul apanage des hommes « expérimentés en la matière » et, comme les femmes, les jeunes sont souvent désavantagés dans l’accumulation d’expérience pour s’engager en politique. Ils sont souvent marginalisés en raison de leur jeune âge et des possibilités limitées qui les exposent plus à la manipulation qu’à la participation.
En 2018, par contre, les jeunes ont pris plus de conscience. Ils ont participé aux élections et pendant que certains étaient visibles en train de battre campagne pour d’autres jeunes, d’autres étaient présents dans des bureaux de vote comme témoins, observateurs, etc. Alors que la jeunesse représente plus de la moitié de la population congolaise, certains analystes proposent le renforcement de la conscientisation des jeunes afin que la tendance soit renversée une fois pour toute et espérer à la gestion de la chose publique par une nouvelle génération.
Julien Ben Bahindwa
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