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Sit-in à la maison Airtel à Bukavu, RD Congo_6 septembre 2023. Les manifestants dénoncent l'escroquerie et la mauvaise qualité des services
Sit-in à la maison Airtel à Bukavu, RD Congo_6 septembre 2023. Les manifestants dénoncent l'escroquerie et la mauvaise qualité des services
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Services de mauvaise qualité: la société civile dit ses quatre vérités à Airtel RDC

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A Bukavu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la société civile dans sa diversité dénonce avec « la toute dernière énergie » la qualité des services offerts par la société de télécommunication Airtel. Elle exige, de ce fait, l’indemnité pour toutes les victimes abonnées à ce réseau de communication. Indignation contenue dans un mémorandum fait ce mercredi 6 septembre 2023 et adressé aux responsables locaux, nationaux et internationaux de la maison Airtel.

Tôt le matin, le ras-le-bol est exprimé par une vingtaine de manifestants à qui se sont joints d’autres dizaines. Dans la foulée, il est noté la société civile urbaine force vive, le mouvement citoyen Observatoire d’Actions Parlementaires et Gouvernementales (OBAPEG RDC), le Caucus des Femmes pour la Paix et d’autres structures de la société civile.

Les manifestants disent leurs quatre vérités à Airtel

Sit-in à la maison Airtel à Bukavu, RD Congo_6 septembre 2023. Les manifestants dénoncent l'escroquerie et la mauvaise qualité des services.
Sit-in à la maison Airtel à Bukavu, RD Congo_6 septembre 2023. Les manifestants dénoncent l’escroquerie et la mauvaise qualité des services.

Il est 10h dans la ville de Bukavu. Le ciel est un peu nuageux. La circulation est à la normale mais sur le boulevard principal en face de l’hôtel de ville, des manifestants venus de plusieurs coins sont assis devant les bureaux d’Airtel. Brandissant des messages écrits sur des effigies et calicots, ils scandent des chants d’indignation contre la « mauvaise qualité » des services fournis par Airtel, une des sociétés de télécommunication beaucoup utilisées au pays.

Sur certains messages brandis, on peut lire : « Nous dénonçons  la complicité d’Airtel avec les kidnappeurs » ; « Non aux taxes forfaitaires nous imposés par le réseau Airtel » ;  « Airtel doit cesser avec le vol bien planifié par sa mauvaise connexion » ; « Nous, habitants de la ville de Bukavu, nous sommes victimes de cette escroquerie ».

Pas de bousculades. Pas de policiers. Pas de répression non plus. Les passants passent. La procédure parait bien définie.

Byamungu Kazimiri Samuel, l’un des manifestants, fait savoir que cette démarche vise à dénoncer  l’escroquerie orchestrée par Airtel :

« Depuis plusieurs mois déjà, le réseau Airtel nous fournit un très mauvais service. C’est ainsi que nous avons abandonné nos activités pour venir demander aux responsables de cette maison de communication de nous informer le pourquoi de tous ces désordres actuellement », soutient-il.

La maison Airtel est donc accusée d’être complice des plusieurs désordres enregistrés en province. C’est par exemple les enlèvements à répétition sur toute l’étendue de la province, les messages des menaces contre les activistes, l’expiration des crédits et forfaits non utilisés et bien d’autres tentatives d’escroqueries, apprend-on.

Un Gouvernement inactif, complice et co-voleur

Il s’agit des accusations qui n’épargnent pas le gouvernement congolais qui « touche » dans la poche de ses citoyens déjà appauvris.

Le gouvernement et le peuple_Caricature_crédit tiers
Le gouvernement et le peuple_Caricature_crédit www.parolesenor.fr
« Nous nous sommes rendus seulement à la maison de communication car c’est à travers ce réseau que plusieurs opérations de malfrats se réalisent. Egalement, nous avons constaté qu’il y a une certaine complicité entre cette maison de communication et notre gouvernement »,

dénonce un autre cadre de la société civile qui rappelle également le « vol systématique » par la taxe RAM de « triste mémoire » qui était organisée par le gouvernement pour voler les citoyens à travers les maisons de télécommunications.

Lire aussi: RDC: Des femmes et des policiers parmi les kidnappeurs

Jean-Jacques Bagabo, membre d’une famille victime d’enlèvement garde un triste souvenir d’Airtel.

« Notre famille a été victime d’enlèvement de notre petit frère. Ces assaillants utilisaient des numéros Airtel pour nous contacter et nous exiger une rançon 1800 dollars américains afin de le libérer. Nous avons envoyé la somme par transfert mobile via Airtel Money. C’est ainsi que nous sommes venus à la maison Airtel pour une identification de ce numéro mais sans succès ».

Un délai d’un mois accordé pour tout réparer

Hormis la mauvaise qualité des services offerts qui incluent une mauvaise connexion internet qui entraine l’expiration des forfaits sans être consommés, les manifestants dénoncent également bien d’autres « péchés » dont la cherté des mégas et des unités de communication. Décision finale du mémo : un mois pour tout revoir et mettre en ordre.

« Nous regrettons de constater plusieurs irrégularités dans l’exécution de vos obligations ; le cout élevé des unités contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays où la même maison œuvre ».

Ils regrettent qu’1 giga byte de forfait internet s’achète à plus d’1 dollar américain  sous l’œil complice du gouvernement et font des exigences. « Nous exigeons le renouvellement tarifaire des couts des unités notamment les giga bytes, les sms  en l’adaptant au coût de vie de la population en fixant au minimum à 1000 FC un giga byte et il en va de même pour d’autres forfaits».

Et de conclure :

« Nous vous accordons un  délai d’un mois pour réparer vos préjudices ! »

a tonné Alain Shindano, Président urbain ad intérim de la société civile qui a lu le mémorandum.

Du mea-culpa dans le camp Airtel

Mike Mukendi, Directeur de la société Airtel dans la région Est de la République Démocratique du Congo, tente d’apaiser les esprits. Réceptionnant le mémorandum, il appelle les manifestants au calme il promet de faire parvenir le message à qui de droit pour trouver une solution idoine. Tout en invitant la population du Sud-Kivu à toujours faire confiance à Airtel, il cite également les efforts en cours pour tout remettre en ordre.

« Nous avons investi des millions de dollars en Afrique et il y a une connexion qui est en cours entre Mbuji-Mayi et Bukavu pour venir corriger la connexion que nous avons. Nous avons mobilisé 5 millions de dollars pour le site de Bukavu et nous sommes en train d’analyser cas par cas pour voir comment améliorer la qualité de connexion ».

Habitués à ce genre de discours, les manifestants envisagent des actions citoyennes non violente mais de grande envergure si toutes ces revendications ne trouvent pas gain de cause.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase

La manifestation de ce jour vient s’ajoute à tant d’autres régulièrement enregistrées. Il sera noté que l’élément déclencheur reste la défectuosité de la connexion internet remarquée pendant plus de 3 jours depuis début septembre. Une situation « générale » constatée aussi bien chez les opérateurs de télécommunications que chez les fournisseurs d’accès Internet dans le pays.

Le 1er septembre vers 17h, de fortes perturbations d’internet ont été notées en RD Congo. Aussitôt, l’Agence de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC) avait signalé qu’une panne majeure s’était produite sur le réseau de la fibre de la Société Nationale d’Electricité (SNEL) et avait affecté les liaisons du côté de Moanda et Kasumbalesa.

Visiblement, les différents communiqués ayant évoqué cette panne n’ont pas convaincu les manifestants qui en ont profité pour étaler d’autres failles régulièrement enregistrées chez les opérateurs de télécom en RD Congo.

Par Emmanuel Shalukoma et Anne-Marie Kwinja.

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