RDC : 50,11 % des électrices attendues, belle opportunité pour la participation massive des femmes dans le processus électoral ?
En République Démocratique du Congo, le nombre d’électrices est supérieur à celui d’électeurs. Le fichier électoral audité et déclaré fiable par les experts internationaux et nationaux choisis par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a été publié le 25 mai dernier. Sur un total de 43.955.181 électeurs attendus aux élections de décembre 2023 en RDC, le nombre de femmes électrices atteint 50,11%, soit 22.026.918 contre 21.928.263 d’hommes. Alors que les femmes sont faiblement représentées dans les instances de prise de décision, ne s’agit-il pas d’une opportunité afin qu’elles s’imposent par le vote ?
Si cet avantage numérique est une opportunité pour les femmes, la loi électorale de juin 2022 en est une autre. En effet, elle indique que tout parti politique qui aligne au moins 50% des femmes sur sa liste ne paye pas de frais de dépôt de candidature.
Mobilisation pour la participation de la femme au processus électoral
Comment les partis politiques, les mouvements et dynamiques de femmes, les associations et toute initiative d’accompagnement des femmes dans la ville de Bukavu se préparent-ils pour non seulement accompagner les femmes candidates mais aussi sensibiliser les électrices qui sont majoritaires par rapport aux électeurs afin que ce pourcentage joue à l’avantage des femmes ?
Justin Murhula, Coordonnateur de Jeunes Nous Pouvons, une plate-forme d’accompagnement des jeunes et des femmes en tant que partie prenante au processus électoral en RDC, indique que l’heure est à la mobilisation générale.
« En 2018, les jeunes ont pris conscience de problèmes occasionnés par la mauvaise gouvernance et ont exigé l’alternance. Aujourd’hui, notre stratégie inclut l’utilisation des réseaux sociaux dans la conscientisation de toutes les couches sur l’importance de voter pour les femmes ».
Et d’ajouter :
« Si toutes les femmes électrices pouvez se mettre d’accord de ne voter que pour femme, nous aurions même une femme élue présidente de la république ».
Justin invite tous les partis politiques à aligner plus de femmes comme candidates à différents niveaux et à renforcer leurs capacités pour bien affronter les élections.
Pour sa part, Dr Jocelyne Migabo, Présidente interfédérale du parti politique Alliance des Congolais pour le Renouveau au Sud-Kivu, tend la main à toutes les femmes ambitieuses. Elle leur demande d’intégrer les partis politiques qui sont la voie par laquelle on peut se faire élire.
« L’engagement des femmes en politique reste un défi qui doit être relevé. Et comme les hommes ont pris conscience de ce dont nous sommes capables, je les invite, eux-aussi, à accompagner les femmes ambitieuses afin que main dans la main nous contribuions au changement positif de notre pays ».
Candidate potentielle aux prochaines élections à la députation nationale dans la ville de Bukavu, Jocelyne Migabo reconnait que les défis sont énormes et particulièrement ceux liés aux moyens afin que les femmes y parviennent.
Pour faire participer la femme au processus électoral, le parti politique Cercle des Réformateurs intègres du Congo, CRIC, en sigle, a adopté la stratégie de prendre en charge toutes les modalités et les contours du dossier de la candidature féminine, renseigne Nabintu Ilunga Florence Carine, candidate à la députation nationale dans la ville de Bukavu.
Les stratégies des candidates
Les femmes candidates sont toutes unanimes que la stratégie majeure demeure la conscientisation non seulement des électrices mais aussi des électeurs sur l’importance de voter pour la femme.
« La femme est une partie vitale d’une gestion rationnelle et garantie. Etant femme et candidate à la députation nationale, j’en appelle à toutes les femmes de se distinguer car le défi reste majeur dans l’occupation des sièges parlementaires», plaide Nabintu Ilunga.
Madame Lyly Civava, cadre du parti politique Alliance des Nationalistes pour un Congo Émergent (ANCE) et candidate potentielle aux élections provinciales dans la ville de Bukavu, au Sud-Kivu, n’a pas d’avis contraire. Elle insiste que la femme mérite d’être votée car sa gestion a toujours été transparente.
Par son expérience, Civava encourage ses pairs à recourir à la stratégie d’accompagnement de proximité. Elle rappelle qu’une sorte de pré-campagne doit commencer aussitôt les élections précédentes achevées plutôt que de se porter candidate à la dernière minute à la surprise du public. Elle fait mention d’autres stratégies à ne pas négliger.
« Parmi d’autres stratégies à prendre en compte, il y a le choix du parti politique, des sensibilisateurs et suppléants stratégiques, la fidélisation de la base à quelques mois des élections, la promotion des réalisations des femmes, leur accompagnement sur le plan socioéconomique bien avant les élections, etc. »
Défis à relever
« Les femmes sont absentes », constate Jocelyne Migabo.
Hormis le manque de moyens permettant aux femmes de compétir aux postes voulus, le défi majeur reste le non engagement de la femme elle-même en politique. Un défi qu’il faut impérativement relever pour espérer à une participation effective de la femme dans la sphère politique.
« Les associations d’accompagnement des femmes ainsi que les partis politiques ont la responsabilité de multiplier les séances de conscientisation et de sensibilisation pour que plus de femmes s’intéressent à la politique et ainsi participer aux élections », invite Nabintu Ilunga.
Alors que la loi électorale à son article 13 alinéa 3 stipule que, toute liste électorale qui aligne 50% au minimum de femmes dans une circonscription est exemptée du paiement du cautionnement, il s’observe que les partis politiques n’alignent pas suffisamment des femmes.
Au Sud-Kivu, Gaudens Maheshe, Secrétaire Exécutif Provincial de la CENI, confirme l’application effective de cette mesure pendant les opérations de traitement et de réception des candidatures. A Bukavu comme partout en RDC, le pourcentage des femmes alignées comme candidates à la législature nationale sera connu le 23 juillet 2023, date de clôture de l’opération de dépôt des candidatures.
Quant à la députation provinciale ainsi qu’à l’élection des conseillers communaux, le dépôt des candidatures débute le 03 août 2023 et s’étend sur un mois.
Jonathan Magoma, JDH
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