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Politique

Gouverneur du Sud-Kivu, pourquoi pas une femme?

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Depuis 1966, la province du Sud-Kivu a connu 23 gouverneurs. Curieusement aucune femme, même pas comme vice-gouverneur. Face à la crise actuelle entre l’assemblée provinciale et le gouvernement provincial dirigé par Theo Kasi d’une part et ce dernier avec la société civile d’autre part, bien des habitants pensent qu’il est temps d’essayer une femme, car la province est en recul de plus de 20 ans ! Votre rédaction a sillonné les trois communes de Bukavu et Walungu, pour recueillir les avis des uns et des autres. Pour eux, il faut une femme à la tête de la province car « les hommes ont échoué », disent-ils.

Les hommes ont échoué

Pour être gouverneur du Sud-Kivu, il faut avoir « un parapluie », d’une autorité morale. C’est lui qui vous propose à la plateforme au pouvoir. Avant, il fallait être de la Majorité Présidentielle dont l’autorité morale était Joseph Kabila. Actuellement, il faut être membre d’un parti politique membre de l’Union Sacrée, dont Tshisekedi est l’autorité morale. Lors des élections, les voix des députés ne comptent vraiment pas, tout est boutiqué d’avance. En Août 2017, un cas a étonné plus d’un. L’élection de Claude Nyamugabo. La plateforme présidentielle a été surprise par un outsider du nom d’Elie Zihindula Mushengezi.

Le 26  août 2017, soit quelques jours après la démission de Cishambo, la CENI organise les élections des gouverneurs. Cadre du PPRD, Claude Nyamugabo Bazibuhe sera élu pour diriger la province.

C’est contre toute attente que le candidat du parti au pouvoir n’arrivera pas à gagner les élections au premier tour. Ses 16 voix contre 12 raflées par son adversaire ne feront pas la majorité de suffrages. Cadre de l’Union des Démocrates pour le Développement et le Social, UDDS, Elie Zihindula Mushengezi désistera au second tour et laissera Nyamugabo seul dans la course pendant que la population s’apprêtait à voir un nouveau visage qui n’est plus du PPRD. Sans surprise, Nyamugabo sera le 4ème gouverneur du Sud-Kivu après 2006. Il sera dit que Bahati Lukwebo, main-droite de Joseph Kabila à l’époque, aurait joué un rôle important pour qu’Elie Zihindula accepte de se retirer de la course et permettre à l’homme du chef de régner. Nyamugabo dirigera le Sud-Kivu d’octobre 2017 à mars 2019.

La femme, dernier rempart du Sud-Kivu ?

Gaël Ntugulo, habitant de la commune de Kadutu à Bukavu, a vécu toutes ces situations. Pour elle, les hommes ont échoué. Il est temps de laisser la gestion de la province aux femmes.

« Les hommes ont déjà échoué et tout le monde a vu,  depuis des années ils dirigent la province, on ne voit rien de concret. Il est temps qu’ils laissent la gestion aux femmes. Elles ont des compétences. C’est peut-être d’elle que viendront le développement et le changement de notre chère province du Sud-Kivu », espère Gaëlle Ntugulo.

Une femme gouverneur au Sud-Kivu, un salut ?

Les femmes sont réputés meilleurs gestionnaires. Certains donnent l’exemple de la Province de Lualaba dirigée par Fifi Masuka, une femme. Depuis qu’elle est à la tête de cette nouvelle province, les routes sont en pleine réhabilitation. C’est le cas de la route Dilolo, l’aéroport de Kolwezi en pleine réfection, des infrastructures publiques sont en construction,…Un bon exemple que certains habitants de la ville de Bukavu pensent rendre faisable au Sud-Kivu.

« Une femme gouverneur serait la solution pour le Sud-Kivu. Les hommes ont échoué »,

précise Monique Cirimwami,  présidente de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile,  NDSCI Bagira.

Abondant dans le même sens, Guershom Cirhuza,  étudiant en droit à l’Université Officielle de Bukavu  est confiant qu’un gouverneur femme est le salut du Sud-Kivu :

« Une femme gouverneure c’est la réponse aux attentes de la population ».

Etant témoin de la gestion actuelle de la province du Sud-Kivu caractérisée par des motions de défiance et de censure, elle constate qu’au Sud-Kivu, c’est une guerre d’intérêt personnel.

« On ne sait plus si c’est une guerre d’intérêt ou réellement ils plaident pour la population. Il est temps que la femme accède aussi à ce poste pour montrer de quoi elle est capable », souhaite Monique.

Et Immaculée Nsezire, doyenne de l’institut Nduba à Walungu d’ajouter :

« Une femme peut aussi diriger la province. Nous sommes créés avec les mêmes capacités ».

L’intelligence n’est pas liée au sexe

La gestion orthodoxe des finances des ménages par les femmes n’est plus à démontrer. Des habitants de Bukavu, par analogie estiment que cette capacité de gestion d’un ménage peut être utile pour la province.

« La femme est un bon gestionnaire. Pourquoi elle ne peut pas gérer toute une province ? L’intelligence et la capacité ne dépendent pas du genre. Donnons à la femme la chance d’apporter sa pierre au développement du Sud-Kivu »,

plaide Rose Binja,  habitant de la commune de Kadutu dans la ville de Bukavu.

Visiblement, les habitants de Bukavu veulent voir une femme trôner le gouvernement provincial et prouver de quoi elle est capable. Si certains sont d’accord que la femme est la solution actuelle au Sud-Kivu, d’autres estiment que la situation politique de cette province a plusieurs ramifications et la femme n’y peut rien.

« Une femme gouverneure de cette province? Ce n’est pas la solution. D’ailleurs c’est  l’exposer à plusieurs difficultés comme la violence intellectuelle »,

estime Kelvin Lukula, habitant de la commune d’Ibanda.

Pour lui, la question du Sud-Kivu est à analyser sous deux aspects. Une population qui n’accepte pas d’être dirigée par des « gouverneurs médiocres » au service des autorités morales et une assemblée provinciale issue de la corruption ». Autant les députés vivent de la corruption pour préparer les prochaines élections autant les différents gouverneurs s’adonnent à la corruption pour sécuriser leur fauteuil. Les désidératas de plus de 3 millions des Sud-Kivutiens sont jetés aux calendes grecques.

Que dit la loi ?

La loi n° 15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité à son article 11, précise que la parité homme-femme est une égalité fonctionnelle qui consiste en la représentation égale entre les hommes et les femmes dans l’accès aux instances de prise de décision à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie nationale, sans discrimination ; outre le principe du nombre, elle indique aussi les conditions, les positions et les placements ;

L’article 4 de cette loi ajoute que l’homme et la femme jouissent de façon égale de tous les droits politiques.

« La femme est représentée d’une manière équitable dans toutes les fonctions nominatives et électives au sein des institutions nationales, provinciales et locales, en cela y compris les institutions d’appui à la démocratie, le conseil économique et social ainsi que les établissements publics et paraétatiques à tous les niveaux », lit-on dans cette loi.

Pour rappel, lors des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs de 14 provinces sur les 26 que comptent la RDC tenues en mai 2022, trois femmes ont été élues.

Il s’agit d’Isabelle Yumba Kalenga Mushimbi élue avec 17 voix sur 28 votants dans la province du Haut-Lomami, Rita Bola qui a été élue gouverneure de la province de Mai-Ndombe ainsi que Julie Ngungwa Mwayuma élue elle aussi gouverneure de la province du Tanganyika avec 14 voix sur 25 votants.

Liste de Gouverneurs du Sud-Kivu depuis l’indépendance

Lire aussi: SUD-KIVU: Par terre, la province crie à ses notables qui l’enterrent

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