BUKAVU/insécurité : 6 corps ramassés dans 6 jours, le Commissaire Provincial de la PNC « dédouane » la Police
La situation sécuritaire dans la ville de Bukavu à l’Est de la République Démocratique du Congo demeure alarmante. En pleine ville, la criminalité bat son plein. Six corps sans vie ramassés en moins d’une semaine est un record ! Mais que disent les autorités sécuritaires ?
Au mois d’août 2023, le phénomène corps sans vie s’est imposé davantage, créant psychose et terreur. Une psychose observée particulièrement dans le chef des habitants du côté de Lycée Wima. Dans ce coin de la ville, au moins 6 corps sans vie y ont été découverts du dimanche 20 au samedi 26 août 2023.
De leur côté, les autorités sécuritaires appellent la population à faire confiance aux services de la Police Nationale Congolaise (PNC) qui, annonce le Commissaire Provincial, ne ménagent aucun effort pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens.
Mais du côté des activistes, il s’agit d’un débordement qui traduit l’inefficacité de la police.
Le phénomène devenu monnaie courante, le cas le plus récent est celui survenu tôt le matin de ce mardi 12 septembre 2023, à la rivière Ruzizi où un corps sans vie d’un jeune homme a été ramassé. Dieu seul sait s’il n’y a pas d’autres corps déjà ramassés aujourd’hui.
Comme les habitants, les autorités ne font que compter le nombre des corps !
Face à la recrudescence des cas, la société civile urbaine dénonce cette situation et interpelle les services de sécurité pour agir en urgence afin de mettre la main sur les criminels et les garder hors état de nuire.
La police doit doubler ses effectifs
Gaston Lubaka, rapporteur du bureau urbain de la société civile, demande à la PNC de doubler ses effectifs dans des coins criminogènes de la ville car, estime-t-il, les bourreaux ont changé leur mode opératoire.
« Si au courant d’une semaine nous avons plus de 6 corps sans vie c’est déjà une chose qui inquiète. Nous demandons à la police de renforcer leur effectif dans des endroits jugés criminogènes comme au quartier Nkafu, Nyalukemba, Panzi ».
L’une des formules garantissant de bons résultants reste la conduite des patrouilles mixtes entre les militaires et la population, explique Gaston.
Les services de sécurité ne veulent pas porter le chapeau !
Au cours d’une interview exclusive accordée au reporter de deboutrdc.net, Roger Isiyo Itenasinga, Commissaire Provincial de la PNC au Sud-Kivu, a, en réaction, fait savoir que les habitants de la ville de Bukavu doivent faire preuve de vigilance et ne pas se fier aux messages d’alerte partagés de temps en temps dans les réseaux sociaux sur la situation sécuritaire dans la ville.
A l’en croire, tous les cas des corps sans vie répertoriés dans sa juridiction ne devraient pas être interprétés comme de la criminalité urbaine car « les circonstances retrouvées pour chaque cas ne sont pas les mêmes ».
Commissaire de la PNC au Sud-Kivu depuis le 27 juillet 2023, Isiyo fait des révélations et « dédouane » les services de la police.
« Tous les cas de corps sans vie ramassés dans différents coins de la ville n’ont pas la même nature que la criminalité. Certains cas sont occasionnés par la consommation abusive des boissons fortement alcoolisées ».
Et d’ajouter :
« Je cite le cas où une maman, folle de son état, est morte suite à la maladie diarrhéique et son corps a été ramassé à Bagira. Un autre cas a été répertorié dans le territoire de Walungu où 2 femmes, en plein travail champêtre, sont mortes par électrocution et leurs corps ont été ramassés juste après l’évènement tragique. D’autres ont été retrouvés au bord du lac suite aux noyades. Il en va de même pour d’autres cas. Toutes ces circonstances n’ont aucun trait à la criminalité urbaine et l’on ne peut pas conclure que c’est de l’assassinat ».
Le chef de la police demande tout de même à la population de toujours approcher ses services et de collaborer avec ceux-ci pour juguler le problème d’insécurité dans la ville.
La police, dit-il, est déterminée à ramener l’ordre et la sécurité aussi bien dans la ville de Bukavu que dans toute la province du Sud-Kivu.
« Wait and see ! », s’est exclamée une habitante de la commune de Kadutu qui en a marre de nouvelles quotidiennes dans les journaux sur les cas de corps sans vie.
Lire aussi: RDC : Des femmes et des policiers parmi les kidnappeurs
Anne-Marie Kwinja
Deboutrdc.net, la plume pour un Congo débout !
Vous aimez nos contenus?
Deboutrdc.net met tout son cœur pour réaliser des contenus interactifs et immersifs que vous pouvez retrouver sur tous vos supports. Journalistes, photographes, graphistes et développeurs collaborent étroitement pendant plusieurs jours ou semaines pour vous proposer des interviews et des analyses qui répondent à une grande exigence éditoriale.
Leur réalisation prend du temps et des ressources considérables. Nous sommes cependant persuadés que ces investissements en valent la peine et avons fait le choix de laisser ces contenus en libre accès et dépourvus de publicité. Un choix rendu possible par ceux qui croient en l'indepenance de notre média.
Pour continuer à travailler en totale indépendance éditoriale et produire des contenus interactifs, deboutrdc.net compte sur vous. Si vous souhaitez nous soutenir, veuillez nous écrire à
directeur@deboutrdc.net ou via WhatsApp à +243 854566913