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Consolidation de la paix

Sud-Kivu : Quand la « justice populaire » s’impose sur la justice

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Des cas de justice populaire sont devenus récurrents dans la province du Sud-Kivu. Plus de 130 cas ont été répertoriés en 2021. De janvier à avril 2022, on compte plus de 20 cas. Une situation qui inquiète la société civile et les médias du Sud-Kivu. Face à cette situation, le parquet général du Sud-Kivu s’engage à combattre ce fléau et la société civile promet d’intensifier des sensibilisations. Ces engagements ont été pris lors de l’émission publique organisée par trois médias du Sud-Kivu dont la prunellerdc.info, la radio Universitaire ISDR-Bukavu et deboutrdc.net. Emission tenue ce 14 octobre à l’esplanade d’Internews RDC, bureau de Bukavu en province du Sud-Kivu.

Plus de 150 cas de justice populaire en moins de deux ans

Des cas de justice populaire sont devenus récurrents dans la province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. Il ne se passe plus un jour sans que la population ne se rende  justice.

Pour certains habitants de la province, les services habilités dont, la police et la justice, jouent au laisser pourrir.

« On peut attraper un voleur, on le remet à la Police mais une semaine après, on le revoit dans le quartier », regrette un habitant de la ville de Bukavu.

D’après nos statistiques, 130 personnes ont été lynchées au Sud-Kivu au cours de l’année 2021, et une vingtaine d’autres depuis le début de l’année en cours jusqu’au 27 avril.

Le dernier cas en date est celui d’un militaire soupçonné d’avoir tiré sur un homme d’affaire à Kamanyola, territoire de Walungu, dans la nuit du dimanche 02 octobre 2022. Celui-ci a été tué et son corps a été brulé par la population en colère.

Précédemment, dans la ville de Bukavu, du 04 au 06 juillet 2022, la commune d’Ibanda a enregistré à elle seule deux cas de justice populaire.

Pour avoir tué une poule, un homme lynché

Un homme soupçonné d’être voleur a été brulé vif à Panzi et un autre tabassé à Camp Saïo, pour avoir volé une poule.

Maître Dorcas Shabani, défenseure judiciaire au TGI Bukavu et actrice de la société civile du Sud-Kivu_14 octobre 2022
Maître Dorcas Shabani, défenseure judiciaire au TGI Bukavu et actrice de la société civile du Sud-Kivu_14 octobre 2022

Selon Dorcas Shabani, défenseure judiciaire au Tribunal de Grande Instance de Bukavu et actrice de la société civile du Sud-Kivu, les habitants de la ville de Bukavu en particulier et ceux de la province du Sud-Kivu en général devraient bannir cette pratique car nul n’est autorisé d’ôter la vie à son semblable: « la vie humaine est sacrée« !

Dorcas rappelle que  les autorités sécuritaires et judicaires devraient  bien jouer leur rôle dans les cas d’arrestation pour satisfaire la population afin d’éviter tout éventuel cas de justice populaire.

«  La justice élève une nation. Les autorités doivent protéger la population. Quant à l’Etat en général, il doit améliorer les conditions de vie des policiers, des militaires et des acteurs de la justice parce que nous voyons que ces derniers ne font pas bien leur travail parce qu’ils sont corrompus dû aux conditions qui sont les leurs », regrette-t-elle.

Dorcas promet que la Société Civile va intensifier les sensibilisations pour que les habitants du Sud-Kivu cessent avec cette pratique.

Justice populaire, un fardeau de plus pour le Sud-Kivu

Egide Kitumaini, journaliste de Bukavu_14 octobre 2022
Egide Kitumaini, journaliste de Bukavu_14 octobre 2022

De sa part, Egide Kitumaini, journaliste de la ville de Bukavu, pense qu’il est temps que le mécanisme d’alerte soit mis en place pour mettre fin  à cette pratique ;

 « Nous avons vécus des cas de viols, des massacres. Sur cette souffrance s’ajoute aussi les cas de justice populaire. Il faut vraiment que cette pratique prenne fin dans la province du Sud-Kivu et cela ne peut être possible que si chaque partie fait ce qu’il doit faire », a-t-il dit.

Il exhorte à ses confrères journalistes de mettre la main à la patte pour sensibiliser sur les conséquences de la justice populaire.

La justice ne meurt pas

Abedi Sikofu, Substitut du PG au parquet général du Sud-Kivu_14 octobre 2022
Abedi Sikofu, Substitut du PG au parquet général du Sud-Kivu_14 octobre 2022

Présent à cette émission, Abedi Sikofu Déogratias, magistrat au Paquet Général du Sud-Kivu, renseigne que quiconque se rend justice doit être connu et puni.

Pour Abedi, substitut du procureur général, la population ne devrait pas s’adonner à la justice  populaire.

« Les habitants doivent faire confiance en la justice. En cas de justice populaire, il faut protéger la victime. Il y a deux façons de le faire soit provoquer l’assistance ou assister directement la personne en danger », renseigne Abedi.

Face à la justice corrompue, la population applique sa justice

Certains habitants estiment que la solution durable pour finir avec le vol, viol et assassinat c’est de se rendre justice car la justice a prouvé son incapacité.

« Des bandits sont arrêtés à la police ou à l’armée. Chose grave, ces bandits sont libérés. Nous pensons que la justice populaire est la solution. La population se rend en justice car la justice est corrompue », regrette un habitant de Fizi-Baraka joint par nos confrères de la Radio Tuungane de Minembwe.

Face à cette perception, le magistrat Abedi prévient que la justice ne meurt jamais. Il demande à la population de faire confiance en la justice mais aussi à participer à des audiences et à contribuer avec des témoignages et preuves.

Faire confiance en la justice

  » Les personnes qui s’adonnent à la justice populaire doivent comprendre que les années peuvent passer mais les faits restent et que tôt ou tard la justice peut se saisir ».

Pour rappel, cette émission publique qui a été présentée par Jonathan Magoma (aka Ahana Bryan) du média en ligne deboutrdc.net a connu la participation de trois invités dont le Magistrat Abedi Sikofu du Parquet Général du Sud-Kivu, Dorcas Shabani, membre de la Société Civile et Egide Kitumaini, journaliste au journal le Souverain Libre. C’est dans l’objectif de rappeler les dangers de la justice populaire et demander l’engagement des autorités sécuritaires et judiciaires dans la mise en œuvre effective des mesures et sanctions contre cette pratique au Sud-Kivu.

Engagement de l’autorité

Représentant de Madame le Procureur Général du Sud-Kivu, le magistrat Abedi Sikofu a rassuré l’assemblée et la population que les textes de la loi seront de stricte application dans toutes les juridictions de la province du Sud-Kivu. Une forte rigueur sera d’application car cela demeure la détermination des autorités judiciaires en province pour relever les défis et punir les récalcitrants aussi bien du côté des acteurs judiciaires et sécuritaires que du côté de la population qui s’adonne à la justice populaire.

Vous pouvez suivre l’émission en cliquant sur ce lien:

Maggy Kugimanzi

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