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Théo Ngwabidje et Zacharie Lwamira, respectivement Gouverneur et Président de l'Assemblée Provinciale du Sud-Kivu. Photo illustration
Théo Ngwabidje et Zacharie Lwamira, respectivement Gouverneur et Président de l'Assemblée Provinciale du Sud-Kivu. Photo illustration
Politique

SUD-KIVU : Crise politique, à chacun ses jeunes

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Le jeudi 24 novembre 2022, les députés provinciaux du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, ont voté une motion de censure contre le gouvernement provincial dirigé par Theo Ngwabidje Kasi. Il s’agit d’une quatrième du genre. Dès lors, Ngwabidje et son équipe sont réputés démissionnaires. Il s’observe, malheureusement, que depuis  le début de cette crise, les jeunes sont devenus la proie facile des uns et des autres. Divisés, certains dansent pour le gouverneur le matin, d’autres pour les députés provinciaux le soir.

Bien des analystes estiment que les jeunes de la province du Sud-Kivu en général et ceux de la ville de Bukavu en particulier sont « naïfs ». Pour eux, rien n’explique pourquoi, au lieu de manifester pour exiger l’emploi, la sécurité ou encore l’assainissement du climat des affaires pour les entrepreneurs locaux, ils se laissent utilisés à vil prix par des acteurs politiques qui veulent se maintenir au pouvoir.

Bukavu, à chacun ses jeunes

« La grande victime de la politique morte au Sud-Kivu, c’est la jeunesse. Tous les gouverneurs qui se sont succédé dans la province du Sud-Kivu depuis 20 ans se sont appuyés sur les jeunes pour accéder aux affaires et même pour s’y maintenir », regrette Delphin Murhabazi, militant du mouvement Réveil des Indignés.

Les politiciens congolais originaires du Sud-Kivu ont leurs jeunes. Ils savent que pour bien assoir leur pouvoir il faut des jeunes. « Tu veux aller au Sud-Kivu ? J’ai des contacts des jeunes qui passent des journées sur les radios et réseaux sociaux. Tu en auras besoin », disait un politicien congolais à son ami qui venait d’être choisi par leur parti comme candidat aux élections de gouverneur de province.

Proie facile

La jeunesse du Sud-Kivu est une proie facile en termes de manipulation. Avec un taux de chômage dont l’âge est compris entre 15 et 24 ans qui oscille entre 19% en 2020, selon l’agence Bloomfield, c’est le « sauve qui peut ».

Dans cette province où l’emploi est une faveur, des jeunes ont su se « frayer un chemin » pour soutirer quelques billets de poches de certains « mauvais gestionnaires de la chose publiques ». A l’aide de miettes et de faux espoirs, des politiciens se servent de jeunes, les usent, les sucent et les éjectent.

Ces jeunes qui « sanctifient »

Au Sud-Kivu, les politiciens ne parlent pas trop avec leurs propres bouches. Les  partis politiques, non plus, ne parviennent plus à convaincre la masse. Pour étendre leurs voix, les femmes et hommes politiciens se choisissent la voie facile : les jeunes, leurs « haut-parleurs ».

Ceux-ci passent leur temps dans des émissions radios à défendre telle ou telle autre « autorité ». D’autres sont devenus des as des réseaux sociaux, surtout WhatsApp, où messages écrits et audio pleuvent pour défendre la cause de X et/ou en insulter Y!

« Les jeunes sont toujours en première ligne des déclarations, des réactions dans les réseaux sociaux surtout et des manifestations publiques, et ce, à leurs risques et périls », regrette Delphin.

Cette situation devient de plus en plus vécue depuis la venue du gouverneur Théo Ngwabidje, en 2019, comme chef de l’exécutif provincial et particulièrement depuis que des voix s’élèvent pour appeler à son départ. De 2019 à nos jours, Ngwabidge et son équipe ont été visés par 4 motions au total, la plus recente étant celle du 24 novembre 2022, votée par les députés provinciaux du Sud-Kivu. Ce qui a, depuis lors, créé une véritable crise politique en province.

Omniprésents et prêts à tout dans cette lutte, les jeunes sont dans des médias du jour au lendemain. Ils prennent parole dans des émissions radio-télévisées pour « sanctifier » chacun son camp.

Des politiciens ennemis le matin mais amis le soir

C’est le simple jeu non aperçu par la partie de la jeunesse manipulée dans la ville de Bukavu. Dans leurs guéguerres, les politiciens se rencontrent et se parlent loin des caméras pendant que leurs « haut-parleurs » sont entrain de mouiller leurs chemises pour les défendre. Et pour quel résultat ? Des promesses spécieuses qui ne se réalisent jamais !

A la fin de la journée, les politiciens finissent toujours par s’entendre et font des concessions pour régler leurs différends en appliquant des calculs qui font passer leurs intérêts égoïstes avant les causes républicaines. Et où sont les jeunes ?

« Et les jeunes qui ont investi leur temps et leur énergie ne récoltent que des promesses fallacieuses et des inimitiés qu’ils se créent quand ils se battent pour défendre les politiciens », ajoute Delphin.

Au bout du compte, les jeunes sortent victimes de leur propre turpitude d’une part, et, d’autre part, d’un système politique pourri qui récompense les alliés politiques et les membres de familles au détriment des efforts fournis.

« C’est pourquoi j’appelle les jeunes à la prise de conscience de la surexploitation politique dont ils sont victimes et qui ne profite ni à la province du Sud-kivu ni aux jeunes eux-mêmes ».

Les jeunes sont libres…Mais quelle liberté ?

Pour sa part, Joella Sambo, présidente du Conseil Provincial de la Jeunesse (CPJ),  les jeunes du Sud-Kivu sont libres de prendre position en faveur d’un camp ou d’un autre pour autant qu’ils en sont convaincus.

« Les jeunes du Sud-Kivu sont libres. Ils peuvent prendre une position selon leurs convictions. Ils doivent aussi s’intéresser à la politique».

La patronne du CPJ au Sud-Kivu voit en la jeunesse une valeur au-delà du simple soutien aux politiciens.

 « Dire que les jeunes ne manifestent qu’en faveur des politiciens c’est faux. On les voit désormais débout pour réclamer des bonnes conditions de vie, l’accès à l’emploi et à l’allègement fiscal en faveur des jeunes entrepreneurs », affirme Joella.

Insistant sur la manipulation et la perte de dignité observées chez certains jeunes qui sont devenus un véritable tremplin des politiciens perdant leur vraie liberté, Delphin Murhabazi souligne l’importance pour la jeunesse de garder ses valeurs cardinales en matière politique.

« Nous pouvons défendre nos opinions, nos idées et nos valeurs sans nous rendre des boucliers politiques, sans mettre en jeu notre dignité et sans nous laisser transformés en instrument de manipulation», insiste ce militant du mouvement Réveil des Indignés.

Prédicateur de la constance, de la confiance en soi et de la fidélité aux principes, Murhabazi lance son appel à ses concitoyens et les invite au bon sens.

« Quand nous agissons de la sorte, nous cessons d’être derrière des individus et nous restons fidèles à nos principes ».

Car, ajoute-t-il,

« C’est là-même que nous nous faisons respecter et nous rendons utiles parce que nous ne changeons plus de langage en fonction des miettes que nous recevons mais gardons le cap sur le bon sens ».

Tout compte fait, c’est le « diviser pour mieux régner » qui refait surface en province du Sud-Kivu avec comme cible principale la jeunesse.

Redaction

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