Sud-Kivu : Le contrôle technique automobile, entre devoir et corruption
Chaque année, plusieurs cas d’accidents de circulation routière sont enregistrés dans la province du Sud-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo. D’après le constat fait, la plupart de ces cas d’accidents sont généralement causés par une panne technique ; une situation qui met en danger des vies humaines. Dans la ville de Bukavu, un nombre important d’engins roulants circulent sans avoir été soumis au contrôle technique, pourtant celui-ci est obligatoire et exigé par la loi. Est-ce un problème de centres de contrôle technique ? Ou une négligence partagée entre certains services étatiques et des propriétaires des véhicules ?
Visité par un reporter de Debout RDC, le lundi 2 août 2021, la Société Congolaise de Contrôle Technique (SCCT/Bukavu), situé sur avenue Industrielle en commune de Kadutu, fonctionne normalement. Disposant d’un parking large, ce centre est équipé des matériels nécessaires qui permettent à ses agents d’effectuer un contrôle technique systématique des véhicules. Après contrôle, un document certifiant l’état technique du véhicule est octroyé aux assujettis, a constaté Debout RDC sur place.
Contacté, Monsieur Alfred Bingane, responsable de la SCCT Bukavu, a fait savoir que selon les dispositions légales et les normes sécuritaires exigées, le contrôle technique doit se faire chaque après 6 mois. Et cela sur tous les véhicules, ceux venant directement des usines, des véhicules d’occasion et ceux déjà en circulation. Alfred souligne la négligence dont font preuve les propriétaires des véhicules, car selon lui, peu d’ engins roulants sont soumis à ce contrôle. Il invite l’Etat à s’investir afin que le contrôle technique puisse se faire régulièrement.
« Il y a l’ignorance, parce que bon nombre des gens ne viennent pas au contrôle, il faut que l’Etat prenne des dispositions pour que les gens puissent venir au contrôle technique. Il est obligatoire, c’est-à-dire à un prix abordable, vous devez passer au contrôle tous les 6 mois, nous avons les équipements de la dernière génération qui nous permettent de voir le système de freinage, l’état du véhicule et ensuite on vous donne des conseils par rapport à l’Etat dans lequel on a retrouvé votre véhicule, » nous a expliqué Alfred Bingane, responsable de la SCCT Bukavu.
Les difficultés sont nombreuses, a-t-il indiqué. Bon nombre des assujettis n’a pas la culture de faire le contrôle de leur véhicule comme le prévoit la loi. C’est dès lors qu’il y a annonce du bouclage que ces derniers font la queux devant le centre pour le contrôle technique de leurs véhicules, a précisé Alfred Bingane.
Interrogé, Théophile Byuma, un conducteur du véhicule marque vannette, a estimé que différentes autorités en province contribuent au non application de cette exigence portant sur le contrôle technique tous les 6 mois. Byuma a renseigné que plusieurs véhicules, surtout ceux du transport en commun appartiennent à telle ou telle personnalité et ne subit aucune inquiétude pour n’avoir pas été soumis au contrôle.
« Ici à Bukavu, il y a beaucoup de trafic d’influence. Parce que beaucoup des véhicules, on apprendrait qu’ils appartiennent aux autorités publiques et militaires, alors que tout ce qu’on appelle engin roulant sur le sol congolais doit subir un contrôle technique automobile, » s’est confié Théophile Byuma à Debout RDC.
D’autres observateurs fustigent le fait que bien que l’opération de bouclage soit de rigueur, certains propriétaires des véhicules préfèrent aller payer des faux documents en lieu et place du contrôle technique, ce qui met davantage des vies en danger.
Par Bernardin Matabaro
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