RDC : Des profs d’universités ont fui la craie
Un besoin en professeur d’universités se fait de plus en plus sentir en République Démocratique du Congo. Sur un besoin de 20 Mille professeurs, la RDC a seulement 3 mille. Dans certaines universités et Instituts Supérieurs, beaucoup de cours sont dispensés par des assistants et chefs de travaux. Pour cause le nombre de professeur est minime et le peu qui existe, est occupé dans des consultances et d’autres activités qui génèrent de l’argent directement.
Des profs partout et nulle part
La ville de Bukavu est parmi les villes de la RDC avec un grand nombre d’universités et instituts supérieurs. Ces établissements, dont certains ne sont pas viables, font face à un manque criant de professeurs qualifiés.
On sait voir un seul professeur donner cours dans plusieurs universités. Il peut enseigner à l’UOB les avant midi et laisse les étudiants à un assistant pour enseigner à l’UCB la journée et dans la soirée soit à l’ISP ou même dans un programme de master d’une université voisine. Avec cette sollicitation, ces professeurs se retrouvent surexploités.
« Un jour notre professeur qui était venu de Lumbumbashi avait failli perdre la vie à l’auditoire ici à l’ISP. Il venait de l’UOB et nous a rejoint à 16h30 à l’ISP pour un cours de calcul. Après quelques minutes, il s’était évanoui », témoigne un ancien étudiant présent de l’événement.
Des consultances payent bien
Si certains professeurs gaspillent leur temps à enseigner dans plusieurs universités dans une journée, d’autres ont plutôt pris le chemin des consultances et des organisations non gouvernementales.
En effet, quand on fait le tour des salles des réunions, dans certains ateliers, c’est souvent un prof qui passe des journées à modérer ou à présenter les résultats des recherches qu’il a effectué pour le compte d’une organisation ou agence. Pour récolter les données, souvent ces professeurs passent des journées dans les fins fond de la province ou de la RDC laissant ainsi leurs étudiants.
C’est mon truc…. Crée le tien !
En plus de ces derniers qui ont choisi des consultances, d’autres ont préféré mettre en place leurs propres structures. Plusieurs organisations non gouvernementales ou cabinets d’expertise sont des propriétés des professeurs. Ce qui est une bonne initiative même si au finish, ils préfèrent souvent travailler seul au lieu d’embaucher des jeunes pour les épauler, ces éminents profs, sont souvent au four et au moulin !
Les plus ambitieux de ces hautes personnalités du savoir ont choisi le chemin de la politique. Dans différents cabinets politiques ont retrouvé des professeurs qui sont devenus conseillers ou porteur des mallettes de certaines autorités.
Ce tableau sombre prouve que les professeurs d’Université sont là où ils ne devraient pas être si on se réfère aux nombres de professeurs que la RDC compte.
Un prof pour 200 étudiants
En effet la RDC a seulement 3 mille professeurs soit une moyenne de 200 étudiants par professeur. Une moyenne loin de respecter la recommandation de l’UNESCO qui insiste sur le nombre de 20 étudiants par professeur. Avec ses plus de 400 mille étudiants en 2019, la RDC a donc besoin de 17 mille pour respecter cette norme de l’UNESCO.
Pourquoi certains professeurs se font-ils surexploiter au risque de planter devant les étudiants ?
Pourquoi certains préfèrent des consultances et des postes dans des ONG en laissant ce qu’ils appellent métier noble ?
Pourquoi sont- ils désormais dans des cabinets politiques et porteurs des drapeaux dans des partis politiques ?
Les réponses à ces questions sont peut-être connues.
L’Etat nous a oublié…
Selon un professeur que nous avons rencontré, le salaire des professeurs est insignifiant c’est pourquoi ils doivent se battre pour nouer les deux bouts du mois.
Dans ce contexte, l’Etat Congolais devrait prendre au sérieux cette question de professeurs en leur dotant des moyens pour qu’ils regagnent l’auditoire.
Dans le même sens, il devrait investir dans la formation des prochains professeurs pour relever les défis car des cadres mal formés sont un danger pour la communauté.
« Imaginez- vous, vous êtes un prof en médecine mais vous abandonnez vos étudiants car il faut faire une consultation. Si demain par miracle un d’eux termine ses études et devient votre médecin, quelle sera votre attitude face à lui ou elle ? », s’interroge un internaute.
Des états généraux de l’Enseignement Supérieur et Universitaires se tiennent à Lubumbashi sous l’égide de Muhindo Nzangi ministre de tutelle. Espérons que des solutions urgentes seront trouvées pour sauver les universités congolaises.
Que ces accises n’accouchent pas d’une souris comme celles tenues dans la même ville en 2002.
Dans des couloirs, le système LMD bientôt à la porte
L’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo se range sur la ligne de réforme effective liée à la mise en œuvre du système Licence, Maîtrise et Doctorat, communément appelé LMD. En plus des défis précités que connaît le secteur de l’enseignement supérieur et universitaire au pays, s’ajoute le manque de bibliothèque remplissant les normes dans la plupart d’institutions en République. D’aucuns s’interrogent sur la qualité des résultats que produira ce nouveau système.
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