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DDH et Journaliste

BUKAVU : Contre-pétition, Ngwabidje veut sauver sa légitimité (Entretien avec le Prof Nyaluma)

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Dans un entretien avec Déboutrdc.net, le professeur Maitre Arnold Nyaluma a analysé les effets rétroactifs des actions de pétitions et contre pétitions initiées dans la province du Sud-Kivu demandant le départ de certaines autorités politiques. Liant l’action au droit, Nyaluma rassure que la pétition et la contre pétition sont un droit constitutionnel et que personne ne peut être poursuivi pour avoir pris pareille initiative.  Néanmoins la contre pétition fait preuve d’illégitimité politique.

Dans la ville, plusieurs mouvements de pétitionnaires sont observés pour faire face à la mauvaise gouvernance qui caractérise les autorités gloutonnes au détriment du développement de la province.

Ce que l’on craignait est forcément arrivé, en pleine récolte des signatures pour exiger le départ de Théo Kasi, les pétitionnaires qui demandent le départ du gouverneur se sont affrontés à un autre groupe des contre pétitionnaires lié à la cause le Lundi 11 janvier sur la route place de l’indépendance au niveau de l’Hôpital Provincial de Référence de Bukavu.

‘’ Nous avons été brutalisés par les  voyous recrutés par les hommes des Théo-Kasi non loin de l’hôpital. Nous nous sommes sauvés de justesse, ils n’ont pas vraiment réussi à accomplir leur plan. Ce qui est curieux ils se sont fait aider par la police,’’ dit l’un des pétitionnaires.

Ayant suivi ces pétitionnaires et contre pétitionnaires, nous avons voulu comprendre cette pratique. Nous vous présentons un échange exclusif avec le professeur Nyaluma.

Deboutrdc : Me Arnold Nyaluma Bonjour !

Prof Arnold Nyaluma: Bonjour monsieur le journaliste

DeboutRdc : la pétition et la contre pétition au même moment sont-elles légales ? Si oui est-il possible que les pétitionnaires puissent être brutalisés lors de récolte des signatures ?

Prof Arnold Nyaluma : La pétition est légale c’est-à-dire ceux qui l’ont initié ne doivent pas être inquiété, mais la contre pétition est aussi légale, car l’autre camp peut aussi initier une contre pétition avec l’espoir de démontrer que ceux-là qui ont fait une pétition contre l’autorité n’ont pas raison de le faire.

DeboutRdc : Si la pétition est légalement reconnue, pourquoi les pétitionnaires doivent-ils être brutalisés par un autre groupe d’individus ou par la police ?

Prof  Arnold Nyaluma : Il y a tentative d’intimidation, mais lorsqu’on en arrive à une contre pétition ça signifie que l’autorité commence à prendre les choses au sérieux, ça signifie qu’elle mesure les échos que cela peut avoir sur sa légitimité. L’autorité comprend que si la pétition est déposée, l’on va réaliser qu’il y a autant de personnes qui ne sont plus d’accord avec elle, c’est ainsi qu’il peut essayer de corrompre ou encore mobiliser ses troupes et obtenir une contre pétition. Mais dans l’expérience lorsqu’on en est là, ça veut dire qu’on est à la fin d’une légitimité de l’autorité.

DeboutRdc : pensez-vous que la contre pétition organisée par ses troupes  peut sauver Théo et le disculper ?

Prof  Arnold Nyaluma : Ça c’est des bricolages politiques pour maintenir son métier mais la bonne réponse à une pétition c’est de couper l’arbre aux pieds des pétitionnaires. Ils disent qu’il y a insécurité, voici les politiques développées pour sécuriser la ville. Ils disent qu’une telle route n’est pas construite et bien voici la route et à la fin l’on constatera que la pétition n’a plus d’objet. 

DeboutRdc : De quelle manière Ngwabidje peut encore gagner la confiance du peuple ?

 Prof Arnold Nyaluma : Chez nous on a une population très généreuse, les gens se contentent de peu de choses, même si l’on a fait un demi kilomètre de route bretelle. C’est vraiment de la mauvaise foi si nos autorités ne peuvent pas prendre les messages qu’on leur envoie. Nous disons que la bonne manière de répondre ce n’est pas les bricolages politiques mais répondre tout simplement aux besoins de la population, parce que ça c’est concret de voir ce qui est fait et ils n’ont pas à se faire d’autre soucis.

Deboutrdc : pensez-vous que la pétition peut influencer le départ d’une autorité politique ?

Prof  Arnold Nyaluma : Je constate qu’à son temps il y a eu des gouverneurs qui sont partis sans que la pétition ait été déposée. Et donc le fait qu’on mobilise un milieu de gens cela veut dire qu’il y a déjà un malaise. Il peut ne pas partir aujourd’hui mais du point de vue de l’histoire lorsqu’on lira comment la province du sud Kivu est restée dans cette situation on pourra dire qu’il y a eu des hommes et femmes qui n’ont pas accepté que la province reste dans cette situation.

Deboutrdc : Vous entendre parler l’on croirait que vous n’encouragez pas les pétitionnaires dans leur démarche professeur Nyaluma. Êtes-vous pour la pétition ou contre ?

Prof Arnold Nyaluma : Dans le cas d’espèce moi je vis au Congo spécifiquement à Bukavu, je constate que la route de Nguba n’est pas construite, je constate qu’on ne peut pas se promener en toute quiétude vers les heures tardives, je remarque que la ville de Bukavu est également isolée des tous ses territoires faute d’infrastructures. Et donc il y a une gouvernance dont on ne sent pas sa présence. Théo Ngwabidje passe son temps à lutter pour son métier et non à la gouvernance  de la province.  Quoi de plus normal si des jeunes courageux dénoncent ces faits-là ? Moi je les encourage.

DeboutRDC : professeur, les autorités (communales, urbaines et provinciales) croient à une manipulation politique des jaloux en mauvais positionnement. Qu’en pensez-vous ?

Prof Arnold Nyaluma : Les autorités lors de ces pétitions multiples pensent que ce sont des manipulations politiques des jaloux qui veulent la tête du gouverneur ou du maire de la ville. Ç’ a toujours été ainsi.  Même nous à l’époque de la rébellion du RCD on nous disait que nous étions manipulés, d’autres disaient que nous sommes jaloux et tout le reste. Donc tous ceux qui dirigent mal ne manque pas de motif pour dévaloriser les actions citoyennes mais c’est un devoir citoyen de militer pour une bonne gouvernance. Une chose que ceux qui nous dirigent ne connaissent est qu’ils ne sont pas les propriétaires de ce pays ; ils ne sont que des mandataires.

DeboutRDC : Une simple pétition quand bien même ayant un fondement légal, peut-elle faire partir une autorité de ses fonctions ?

Prof  Arnold Nyaluma : Du point de vue juridique non, sauf si nous sommes dans des assemblées, dans des instances où se  sont les électeurs qui ont un pouvoir direct. Une pétition, si elle est débattue, peut entraîner le départ d’une autorité. Pour le cas d’espèce, juridiquement une pétition ne peut pas faire partir le gouverneur, mais elle est en même temps une expression de la démocratie directe.

DeboutRDC : Si elle n’a pas la force de faire partir une autorité quelle est alors sa raison d’être ?

Prof  Arnold Nyaluma : Du point de vue politique une pétition lancée, finit par affaiblir l’autorité. Vous ne semblez pas ignorer que nous sommes dans une situation particulière, une période de recomposition politique.  Chaque autorité ne pourra se maintenir que sur base de la confiance qu’elle semble inspirer au sein de sa communauté. Mais si vous avez un gouverneur qui échappe à peine à une motion et qui attend le rendez-vous de mars. Un gouverneur qui court derrière des motions, un gouverneur pour lequel les députés veulent initier des actions en justice et donc des ingrédients sont là pour son départ.

La Rédaction DéboutRDC.net vous remercie professeur Arnold Nyaluma pour cet entretien

Patrick Babwine

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