SUD-KIVU : Le Parc National de Kahuzi Biega en péril
Depuis Octobre 2018 le Parc National de Kahuzi Biega fait objet d’un déboisement sans précédent. Actuellement plus de 14 hectares on été déboisé seulement dans le groupement de Bugorhe et Miti dans le territoire de Kabare au Sud-Kivu. Pour la partie Irhambi Katana, et Kalehe difficile d’estimer pour l’instant l’étendue déjà déboisée. Les personnes impliquées dans cette déforestation sont essentiellement des peuples autochtones pygmées mais aussi des communautés riveraines du dit parc. Elles disent continuer la déforestation jusqu’à ce que le PNKB respecte ses engagements.
La vitesse à laquelle la déforestation du PNKB évolue est inquiétante. Sur place, c’est une vaste étendue qui s’ouvre à nous. Des fumées ci et là des fours des charbons sont visibles. Les sons des scies sont aussi entendus un peu plus loin. Visiblement tout est mis en marche pour dénuder cette partie du Parc, se plaint Espoir Zahinda, notre guide.
Nous sommes dans le parc jusqu’à nouvel ordre
Selon le représentant des pygmées du groupement de Bugorhe, Cizungu Ntavuna, le peuple autochtone va quitter ce parc quand les autorités respecteront leurs engagements.
« C’est depuis 2008 qui nous avons commencés le procès contre l’Etat congolais. Nous avons commencé par le tribunal de Kavumu, nous avons été à Bukavu mais aussi à Kinshasa pour le même dossier sans succès. Nous sommes allés finalement à la cour Africaine des droits de l’homme et des peuples pour que nous soyons remis dans nos droits. Nous demandons qu’un espace soit réservé pour les peuples autochtones, que des maisons en dure soient construites pour nous et que nous soyons indemnisés plus de 50 ans que l’Etat congolais nous a chassé de notre patrimoine », plaide Ntavuna.
Si les pygmées sont à l’avant plan pour réclamer leurs droits, les bantous aussi ne sont pas du reste.
Gestion sans communauté, un colonialisme vert
Des comités locaux de conservation ont été initié dans l’objectif de participer à la conservation du PNKB, un patrimoine Mondial. Actuellement, ils estiment ne plus se retrouver dans la gestion du Parc. Ils accusent le nouveau directeur de ce site d’être incessible aux revendications des peuples riverains.
« Avant, le parc donnait des semences aux populations riveraines. Des petits projets des comités locaux étaient financés par le Parc mais aussi le Parc donnait du travail à plus de 70 personnes comme pisteurs ou guides. Actuellement tous ces avantages ont disparus. Nous demandons au nouveau directeur d’organiser des réunions mensuelles avec les communautés concernées, de faire scolariser les enfants des peuples autochtones mais aussi impliquer la communauté dans la gestion du Parc sans cela, ce parc va disparaitre car on ne peut pas protéger ce parc sans que la communauté ne comprenne son rôle dans son vécu quotidien », conseille Pascal Ndeko porte parole du comité de conservation communautaire du groupement de Miti dans le territoire de Kabare, une organisation de la socièté civile.
Déforester vous le regretterez
Le directeur du parc Kahuzi Biega que nous avons contacté De Dieu Bya’Ombe estime que les accusations portées contre lui sont sans fondement. Il pense que c’est une instrumentalisation de certaines personnes jalouses qui ne sont pas contente du travail qu’il fait pour redonner de la valeur à ce Parc. Il estime que les peuples autochtones n’ont pas raisons d’abimer le parc car ils en sont les premiers bénéficiaires.
« Actuellement le PNKB fait scolariser 350 enfants pygmées. Deux sont à l’université spécialement à l’institut de développement rural, ISDR/Bukava. Nous avons relancés le projet d’apiculture et d’élevage des chèvres en faveur des communautés riveraines. Tout ceci pour les aider. S’adonner au parc c’est scier un arbre sur lequel on est assis », précise De Dieu Bya’Ombe.
Cet ancien directeur et pionnier du parc de Lomami le 8ème en RDC demande à tout le monde de tout faire pour sauver ce patrimoine qui fait la fierté du sud Kivu et de la RDC.
Des autorités insouciantes
Depuis le début de la déforestation de ce patrimoine mondial, l’autorité ayant l’environnement dans ses attributions n’a pris aucune mesure allant dans le sens de mettre fin à cette situation.
Voulant savoir davantage sur les mesures prises par le gouvernement, nous avons contactés le chef de division de l’environnement Jean-De Dieu Kyalumba.
Pour lui la division va débuter le reboisement des parties déjà nues. Le reboisement va commencer au mois d’octobre 2020 avec des arbres exotiques mais aussi ceux forestiers locaux. Il demande tout de même aux communautés riveraines et les autorités coutumières de s’impliquer dans cette situation qui peut conduire à la disparition de ce Parc.
« Nous n’avons pas un autre pays. La protection de l’environnement est une affaire de tous les monde. Les bamis, la population riveraine, la société civile, doivent s’unir avec nous pour sensibiliser sur l’importance de ce parc. La protection de l’environnement n’est pas une affaire des certains. C’est une affaire de tout le monde. Aujourd’hui nous sommes entrain de décrier les signes prévisibles du changement climatique. Si ça continue ainsi c’est tout le monde qui sera frappée et personne ne sera épargné. Je recommande qu’on se mette ensemble en regardant dans une même direction pour protéger le parc de Kahuzi Biega», conclu le coordinateur Kyalumba.
Par Murhula Nkumbrhi Justin
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