RDC : L’activisme n’est pas un crime
Les jeunes activistes de mouvements citoyens ont joué un rôle important dans l’alternance vécue en 2019 en RDC. Faire partir Kabila c’était un rêve pour ses opposants, mais des jeunes en majorité de la génération 80 se sont levés, laissant certains d’eux sur le champ de bataille. Une année après, ces jeunes sont devenus très vulnérables car les gens avec lesquels ils avaient lutté ont accédé au pouvoir et veulent refaire l’exploit de l’ancien régime.
Selon un constat de votre média, les activistes n’ont plus la liberté de dire tout haut ce que leurs communautés pensent. Un jeune militant du mouvement collectif des citoyens indignés venait d’être traduit en justice par un honorable député de l’UNC pour avoir demandé des enquêtes relatives aux travaux de 100 jours du président au Sud-Kivu.
Projets de 100 jour, un fiasco
Le collectif de citoyens indignés a demandé des enquêtes contre l’Honorable Amato Bayubasire et Billy Kambale pour connaitre les mobiles de l’échec des travaux de 100 jours du président au Sud-Kivu. Pour ce mouvement citoyen, c’était ces deux cadres de l’UNC qui sont venus lancer ces travaux au Sud-Kivu en mode haut-parleur.
Avant même que ce mouvement ne reçoive une invitation de la part de la justice, Augustin a reçu des menaces. N’ayant pas de refuge, ni appuis, une médiation lui a été proposée en contre parti le retrait de la plainte. Au lieu de retirer la plainte, le député a joué au malin.
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Pour certains, ceci est une stratégie de vilipender les activistes pour les décrédibiliser face aux communautés pour lesquelles ils luttent.
« Chaque fois qu’un activiste touche des intérêts, de certaines autorités et personnalités, on brandit l’infraction d’imputations dommageables pour faire peur aux voix qui font de la redevabilité leur cheval de bataille », se plaint un acteur de la société civile.
La loi du plus fort…………….
En plus de ce cas de Augustin Ntaitunda, d’autres jeunes acteurs de la société civile ont été malmené pour avoir dénoncé les conditions carcérales dans lesquelles certains détenus vivent au commissariat de Karhale dans la ville de Bukavu.
Marc OMBENI et Edmond MADESI, DDH et acteurs de la société civile sous noyau du quartier Nkafu, commune de Kadutu, ville de Bukavu, province du Sud-Kivu en RD étaient poursuivis pour imputations dommageables.
Ceci après avoir rendu public au nom de la société civile une dépêche dans laquelle ils ont dénoncé les actes de tortures et autres traitements cruels, inhumains et dégradants ainsi que les arrestations arbitraires et détentions illégales régulièrement enregistrés dans le sous commissariat de la police de Karhale, sous la responsabilité du commandant Egide Kitumaini, au quartier Nkafu.
Ils ont été arrêtés le 05 Mars 2019 et jetés à la prison centrale de Bukavu le même jour, avant de recouvrer la liberté provisoire le 13 Mars 2019.
Des militants cloués injustement
Dans le Congo profond, cinq membres du Réseau d’information et d’Appui aux organisations non gouvernementales nationales (RIAO-RDC) sont en prison de Kisangani pour s’être opposé à l’exploitation des terres des communautés avant le respect du cahier de charge signé avec l’entreprise FERONIA-PHC en Novembre 2018.
Selon un rapport de l’ONG partenariat pour la protection Intégrée, PPI, cette arrestation est plutôt due au fait que ces DDH se soient opposés à la violation par la société FERONIA-PHC de l’accord de novembre 2018 signé avec la communauté.
Dans l’esprit de cet accord, la société FERONIA-PHC devrait construire un centre de santé, une école et une source d’eau dans le milieu, avant toute exploitation des terres de la communauté.
Face à ce tableau sombre du travail des défenseurs des droits humains, les activistes devraient mutualiser leurs efforts pour amenuiser leurs risques.
Une loi faite pour les faibles
En plus de travailler en unité, certains instruments juridiques nationaux et provinciaux donnent à ces acteurs de changement la latitude d’exercer leur travail. C’est le cas au Sud-Kivu de l’édit portant protection des défenseurs des droits humains et des journalistes.
A son article 15, il stipule que « Le gouvernement provincial prend toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les autorités locales compétentes protègent les journalistes et défenseurs des droits de l’Homme contre toute forme de violences, de menaces, de représailles, de discriminations, de pressions ou toute autre action arbitraire dont ils peuvent être victimes à l’occasion de l’exercice légitime des droits et libertés garantis par les instruments juridiques nationaux et internationaux ».
La prison, les menaces ne devraient pas obstruer le travail des acteurs prodémocraties car ils sont des sonneurs de glas, des chiens de garde là où la société civile a échoué.
L’activisme n’est pas un crime
Demander la vérité sur la gestion de la cité, ne devrait plus être un crime en RDC car la constitution de la République donne à tout citoyen congolais, le droit d’exiger des comptes aux dirigeants et à toute personne revêtue d’autorité dans la cité, peu importe son rang, précise Jeunes nous pouvons en invoquant l’article 67 de la constitution qui stipule : « Tout Congolais a le devoir de protéger la propriété, les biens et intérêts publics et de respecter la propriété d’autrui ».
La rédaction
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