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RDC : Anita Kuzibwa, ‘‘la prime m’a rendue malheureuse’’

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L’éducation reste un défi à relever en République Démocratique du Congo. Alors que le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a fait de la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire son cheval de bataille, des milliers d’enfants en âge scolaire ne fréquentent pas l’école. Anita Kuzibwa plaide pour l’effectivité de la gratuité pour d’autres élèves.

Anita Kuzibwa, une jeune fille orpheline de mère, âgée de 14 ans et habitant de la ville de Bukavu, s’est vouée au reporter de Deboutrdc. Cet enfant congolais dit avoir haï les études plus que toutes choses au monde. Issue d’une famille pauvre, par manque de moyen financier, a abandonné l’école.

«Je ne voulais plus étudier, je rejetais la faute sur tout le monde. Pour moi, ce n’était pas normal que je sois tous les jours chassé à cause de l’argent contrairement aux autres enfants». Déclare-t-elle.

Anita n’a pas eu la chance de voir sa mère, elle était morte quand elle était petite. Outre la difficulté de parler de sa situation, elle affirme avoir abandonné les études parce qu’elle se sentait humiliée, stigmatisée, regardée sans pitié. Pour elle étudier était une faveur, mais non un droit.

«Mieux encore ceux qui ont des mères, peut-être aujourd’hui je ne serais pas au restaurant. N’avoir aucun adulte sur qui compter est très difficile et fatigant. Quand j’ai été humiliée par les enseignants justes à la porte de l’école pour n’avoir pas payé les frais solaires, les enfants de notre classe me traumatisaient, j’ai trouvé que la meilleure option était celle d’arrêter les cours. Moi-même j’ai dit non aux études à l’âge de 12 ans quand j’étais encore en 2eme primaire», Déclare-t-elle.

Après avoir renoncé aux études en 2018, Anita a trouvé du travail dans un restaurant de la place, où   elle a commencé à faire le ménage et servir les clients et pouvait gagner facilement 10 000FC. Pour lui, malgré les difficultés, elle trouve de l’aubaine et n’a jamais connu des telles humiliations comme celles de l’école.

«Une maman du quartier m’a intéressé à travailler dans un restaurant non loin de la place de l’Indépendance, j’ai vite accepté et je gagne 10 000FC que je donne à mes parents pour aider la famille. C’est trop dur de terminer la journée au restaurant, où il y a les clients qui dérangent, la patronne qui nous crie dessus, mais je préfère encore y aller que de retourner à l’école où on pouvait ne pas recouvrer, mais pour moi c’était tous les matins au rassemblement,» explique Anita.

Cette Bukavienne de 14 ans déplore avoir manqué de soutien, entraînant le redoublement de sa première année puis de sa deuxième année primaire avant son abandon.

A la question de savoir si elle n’est pas au courant de la gratuité de l’enseignement prônée par le chef de l’état, Anita sourit, elle répond ; «mais, mes frères n’ont jamais étudié gratuitement ? C’est seulement dans ma famille où il n’y a pas gratuité ? ». Pour elle, l’école est destinée aux enfants issus des familles riches. Elle plaide pour l’effectivité de la gratuité en fin de donner la chance à d’autres enfants.

« A chaque rentrée scolaire, seuls les enfants qui ont les moyens, sont les bienvenues, parce qu’à la fin du mois, ils nous mettaient toujours à la porte, seulement que moi, on me chassait même si on n’a pas chassé les autres. Tout ce que je peux demander à l’Etat, est de  s’assurer de l’effectivité de la gratuité, si tous les enfants en bénéficient, parce que je ne voudrai pas que mes enfants subissent la même chose, » implore Anita Kuzibwa.

« Car il faut connaître le manque pour pouvoir créer et le noir pour espérer la lumière », dit-on. Les témoignages de cet enfant reçus en langue swahili, traduit en français, révèlent une grande souffrance concernant l’école en RDC.

Plus d’un analystes pensent que dans le pays de Lumumba, l’enseignement serait totalement saboté, les enseignants peinent pour trouver  leur salaire. Dans différentes écoles à travers le pays, des enseignants réclament encore la prime auprès des parents.

D’aucuns s’interrogent sur la résolution de la gratuité prônée par le président de la République. Plusieurs questions restent sans réponses dans le chef des citoyens congolais ;  « Pourquoi nos enfants de l’école primaire n’ont-ils pas droit à la gratuité scolaire, alors qu’elle est constitutionnelle ? » s’interroge un parent.

Certains parents, tire la sonnette d’alarme afin qu’une aide leur soit proposée, le plus tôt possible.

« C’est anormal, on en est aujourd’hui à un problème d’égalité des chances dans l’éducation, » déclare Pascale Batumike, un parent rencontré.

Instauré à l’époque de Mobutu dans les années 1980, quand l’État n’avait pas les moyens de payer les salaires des enseignants, et pressé par les institutions internationales FMI, la prime devrait donc bientôt n’être qu’un mauvais souvenir.

Bernardin Murhabazi Matabaro

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